L’armée française se soucie sérieusement de la sécurité des journalistes internationaux. Dès le début des escarmouches entre des djihadistes et les armées malienne et française à Gao, les journalistes postés dans cette ville du centre du Mali récemment reconquise ont été évacués vers l’aéroport.
Des questions se posent cependant sur les conditions de ce « sauvetage ». Les journalistes ont-ils été contraints de suivre l’armée ? Leur a-t-on laissé le choix de rester pour couvrir en direct ces combats ? N’aura-t-on finalement comme témoignage de ces affrontements que les deux minutes d’images diffusées par France Télévisions dimanche soir ? Connaîtra-t-on le bilan des combats ?
Cet empressement de l’armée française tranche, en tout cas, avec l’attitude de l’armée américaine lors de la Seconde Guerre mondiale. Les officiers de presse insistaient alors pour que les journalistes accompagnent les troupes. On se souvient des images d’Omaha Beach le 6 juin 44 prises par Robert Capa, pataugeant au milieu des soldats, face au feu ennemi.
Dans ses mémoires, Walter Cronkite raconte qu’en décembre 1944, lors de la bataille des Ardennes, le général Maxwell Taylor, de la 101ème division aéroportée, l’avait invité dans sa jeep pour se rendre à Bastogne, encerclée par les troupes nazies. Le célèbre journaliste, qui avait prouvé sa bravoure en d’autres occasions, avait refusé, car il pensait qu’ils ne pourraient pas arriver sains et saufs à leur destination. Maxwell Taylor réussit à traverser les lignes allemandes et Walter Cronkite douta tout le reste de sa vie de la décision qu’il avait prise.
Il laissa ainsi à Fred MacKenzie le privilège d’être le seul journaliste à couvrir au milieu des troupes assiégées une des plus grandes batailles de l’histoire américaine. Le correspondant de guerre du Buffalo Evening News avait été invité à ses côtés par le général McAuliffe, lorsque la 101ème aéroportée quitta son camp de Mourmelon-le-Grand près de Reims afin de venir au secours des G.I.s désemparés par l’offensive von Rundstedt.