Pour la presse, l’année 2011 se termine pratiquement comme l’année dernière, aussi mal que l’année dernière. Selon les chiffres publiés aujourd’hui par le Comité de protection des journalistes (CPJ, New York), 43 journalistes ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions en 2011, contre 44 en 2010.
Ce chiffre pourrait augmenter, toutefois, car l’organisation, qui applique des critères stricts à son décompte, continue à enquêter sur 35 autres cas de décès, afin de déterminer s’ils sont effectivement liés au travail des journalistes.
Les pays les plus dangereux sont cette année le Pakistan (7 tués), l’Irak (5), la Libye (5) et le Mexique (3). Près de la moitié des journalistes sont morts dans des zones de combat, victimes de l’arbitraire de la guerre, ou lorsqu’ils couvraient des manifestations de rue.
Ces décès posent une nouvelle fois la question des « règles d’engagement » des forces armées ou de police. En Afghanistan, un soldat américain a tué Ahmad Omaid Khpalwak, un correspondant de la BBC et de Pajhwok Afghan News, lors d’une attaque d’insurgés. Selon l’enquête officielle, le militaire américain aurait pris la carte de presse de Khpalwak pour un détonateur.
Assassinats ciblés
Une autre moitié a été victime d’assassinats ciblés, commandités en particulier par des organisations criminelles mais aussi, comme l’explique Ahmed Tarek, de la Middle East News Agency, « par des forces politiques hostiles à l’égard de tous ceux qui exposent leurs méfaits ». Saleem Shazad, un reporter de l’Asia Times Online au Pakistan , a été assassiné après avoir révélé les liens entre al-Qaïda et la marine pakistanaise.
85% des journalistes victimes de cette violence travaillaient pour des rédactions locales. 40% étaient des photographes et des cameramen, comme Chris Hondros et Tim Hetherington, touchés par un tir de mortier dans la ville de Misrata, en Libye, ou Lucas Mebrouk Dolega, de l’agence European Pressphoto, victime d’un tir de gaz lacrymogène en Tunisie.
Pauvre Mexique
Certains journalistes ont été brutalement assassinés, à l’exemple de Maria Elizabeth Macias Castro, dont le corps décapité a été retrouvé dans la ville de Nuevo Laredo, à côté d’une note indiquant qu’elle avait été tuée en raison de ses reportages publiés sur des sites de réseaux sociaux. Le Mexique connaît une violence particulière dans les régions du nord du pays, particulièrement à Ciudad Juarez ou Reynosa, qui sont ravagées par les règlements de comptes entre des cartels de la drogue.
Cette violence a un impact direct sur la capacité de la presse à informer. Les assassinats visent à faire taire des voix particulièrement dérangeantes, mais aussi à intimider l’ensemble de la profession. Dans certains pays, comme le Mexique, les journalistes ont souvent le choix entre « le plomb ou l’argent » (la mort ou la corruption ), ou entre « la valise ou le cercueil ».
Cette censure touche l’ensemble du monde car elle vise à écarter les journalistes des pays ou des zones touchées par la guerre, la dictature ou la criminalité.