Les forces de Kadhafi traquent les journalistes

La guerre en Libye démontre une nouvelle fois que les gouvernements autoritaires ne supportent pas que l’on filme leurs forfaits. Les forces du colonel Kadhafi ont multiplié les attaques contre les envoyés spéciaux de la presse internationale.

Samedi, ils ont ciblé et assassiné, Ali Hassan al-Jaber, un cameraman de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera, alors que celui-ci revenait de Suluk, une localité proche de la ville de Benghazi, aux mains des rebelles. Un deuxième journaliste de la chaîne a été blessé au cours de cette attaque.

Pour les responsables d’Al-Jazeera, il ne s’agit pas d’une bavure mais de représailles de la part d’un régime qui tient la chaîne pour responsable des révoltes qui ont secoué le monde arabe. Le directeur général d’Al-Jazeera a dénoncé une « campagne d’incitation à la haine menée par le régime Kadhafi contre ses journalistes ». Saif al-Islam, l’un des fils du dirigeant libyen, s’en est d’ailleurs pris violemment aux stations arabes, accusées « de répandre des mots empoisonnés et des fausses rumeurs ». Le signal de la chaîne est brouillé depuis le 2 février et trois journalistes locaux ayant travaillé pour elle ont « disparu ».

Selon le Committee to Protect Journalists (CPJ, New York), plus de 40 incidents ont eu lieu au cours des trente derniers jours, dont 25 arrestations, cinq agressions, deux attaques contre des installations médiatiques et le brouillage des chaînes Al-Jazeera et Al-Hurra. Une équipe de la BBC a été passée à tabac et soumise à des simulacres d’exécutions.

Arrêté le 2 mars en compagnie d’Andrei Netto du quotidien O Estado do Sao Paulo, l’envoyé spécial du Guardian Abdul-Ahad, est toujours en prison. Son collègue brésilien a été remis en liberté « en raison des bonnes relations entre Brasilia et Tripoli », ce qui semble indiquer que le journaliste du Guardian « paie » pour la politique anti-Kadhafi adoptée par le gouvernement britannique.

Informer depuis les zones « loyalistes » reste dès lors extrêmement difficile. Les journalistes occidentaux sont tous soupçonnés d’être proches de l’opposition. Seules sont autorisées les « excursions » dûment organisées et encadrées par le régime.

Les organisations de défense de la liberté de la presse ont multiplié les mises en garde, non seulement à l’intention des journalistes opérant en zone kadhafiste, mais aussi pour ceux qui couvrent les territoires contrôlés par les rebelles, où la presse internationale a été généralement accueillie favorablement.

Ces associations craignent, en effet, que les envoyés spéciaux ne fassent les frais de « l’inaction occidentale » et que les populations ne les prennent à partie. L’International News Safety Institute (INSI) a également prévenu les journalistes postés en zone rebelle et dès lors dépourvus de documents officiels des services d’immigration, de préparer des plans de sortie, car ils risqueraient d’être la cible des forces gouvernementales, persuadées que ces journalistes sont des « collaborateurs » ou des sympathisants des forces insurgées.

Ce contenu a été publié dans Afrique du Nord et Moyen-Orient, Analyse, droits de l'homme, Journalistes, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Les forces de Kadhafi traquent les journalistes

  1. amou didier dit :

    aaaaaaaah ou va le monde laissez la politique aux politiciens vraiment cette histoire de la revolution pourquoi les occidentaux ne veulent laisser la richesse de l’afrique tranquille mtn le peuple lybien est entrain de perir

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *