Le tsunami démocratique qui a emporté Ben Ali et Hosni Moubarak pourrait-il s’étendre à d’autres régimes autoritaires en dehors du monde arabe ? En d’autres termes, le basculement historique auquel nous assistons est-il lié essentiellement aux conditions spécifiques qui règnent dans les pays arabes ou s’agit-il d’un phénomène plus large qui pourrait s’étendre à des pays comme Cuba, le Gabon, la Birmanie, la Chine ou la Corée du Nord ?
Le politologue américain Samuel Huntington avait tenté de théoriser sur ces « vagues démocratiques » depuis le 19ème siècle et il ressortait de sa théorie (très contestée par d’autres chercheurs) que ces phénomènes étaient fortement liés aux traditions politiques, aux évolutions économiques et à la culture des pays concernés.
Les années 1970 virent ainsi la fin des vieilles dictatures du sud de l’Europe : la Grèce des colonels, le Portugal de Salazar-Caetano, l’Espagne franquiste.
Les années 1980 furent marquées par le retour de la démocratie en Amérique du Sud : l’Argentine en 1983, le Brésil en 1985, le Chili en 1990.
En 1989, la chute du Mur de Berlin provoqua la chute des dominos dans l’espace soviétique et l’Europe de l’Est. Mais si elle bouscula en Afrique les régimes de parti unique qui s’étaient alignés sur Moscou, elle n’affecta pas Cuba ni la Corée du Nord.
Dans ces trois exemples, même s’il y eut des interactions entre les milieux dissidents des pays concernés, les politologues hésitent, toutefois, à parler de phénomène d’imitation.
A l’inverse de la thèse de la « contagion », les printemps démocratiques peuvent provoquer des glaciations autoritaires dans les régimes qui se sentent menacés. En Chine, l’année 1989 fut marquée par la répression brutale du mouvement de la place Tien an men. A Cuba, l’affaissement du régime soviétique provoqua un durcissement du gouvernement castriste.
Aujourd’hui, si les politologues évoquent avec prudence des scénarios de contagion démocratique au-delà du monde arabe, les gouvernements autoritaires concernés n’ont pas les mêmes doutes intellectuels. La plupart prennent des mesures qui témoignent de leurs inquiétudes. Certains s’efforcent de cacher à leur opinion les événements d’Afrique du Nord, d’autres en soulignent les dangers pour la stabilité ou la prospérité, d’autres encore jouent sur la corde patriotique et dénoncent le complot des puissances occidentales.
Ainsi, la Chine s’est-elle empressée de bloquer les mots-clés subversifs des moteurs de recherche sur Internet. Cuba, de son côté, a condamné l’ingérence des Etats-Unis en Egypte, tandis que l’Iran, inquiète d’un remake à la sauce Tahrir des protestations postélectorales de 2009, vient d’arrêter des dirigeants de l’opposition et de brouiller le signal des chaines internationales.
Certes, peu d’observateurs se sentent à même de prédire sur quel type de régime débouchera le départ de Moubarak : une dictature militaire, une récupération par les Frères musulmans, une maturation politique débouchant sur un vrai processus démocratique ? Le sphinx égyptien garde ses énigmes.
Il n’empêche que la Révolution du jasmin en Tunisie et la Révolution du Nil en Egypte ont démontré une aspiration universelle à la liberté. Ceux qui proclamaient hier que les droits humains étaient une invention ou une importation occidentales se retrouvent aujourd’hui Gros-Jean comme devant, perplexes, mal à l’aise et inquiets.
Les Révolutions tunisienne et égyptienne, nous confiait un diplomate européen expert de l’Amérique latine, ont sans aucun doute donné des idées à ceux qui contestent les régimes gérontocrates, autocrates et kleptocrates. « Elles inspirent en premier lieu les jeunes éduqués, branchés et technophiles, qui se sont reconnus dans les revendications et les modes d’action de la génération Internet de la place Tahrir », ajoutait-il.
Selon ce spécialiste de la démocratie business, les régimes les plus menacés pourraient être ceux qui ont atteint un niveau d’éducation appréciable et qui comptent une population jeune lassée de l’autoritarisme, de l’immobilisme et du paternalisme de ses patriarches. En d’autres termes, concluait-il, un régime comme celui des frères Castro à Cuba devrait davantage craindre ce printemps démocratique arabe que la dynastie nord-coréenne. A suivre…
Un commentaire sous forme d’une pièce à 2 faces.
1. Ce qui s’est passé tant en Tunisie qu’en Egypte est remarquable car cela démontre qu’une population peut, avec courage et ténacité, imposer la liberté au sein de régimes militaro-dictatoriaux. sans qu’il y ait besoin de personnalités politiques, de journalistes ou d’aide externe hormis l’utilisation par des blogueurs intrépides (que l’on risque d’oublier bien vite) du réseau mondial Internet.
Cet aspect “populaire” doit certainement inquiéter plus d’un dirigeant de la planète et on peut compter sur la caste politique mondiale pour normaliser les choses en recréant au plus vite des partis et figures politiques visant à préserver la hiérarchie entre peuple et élites!.
2. Selon le calendrier musulman, l’hégire, les arabes sont en 1432.
Ce qui peut expliquer, comparaison n’est pas raison, certaines similitudes avec les pratiques, soumissions à la foi et à des pouvoirs sans partage de cette époque dans le calendrier judéo-chrétien.
Cette révolution populaire les propulseraient ainsi en 1789…
Un “sacré” bond en avant mais qui laisse entrevoir que le chemin vers la démocratie est encore long et semé d’embûches.
INFOTOX. The WebMag.
On se demande en effet pourquoi les cubains ne se révoltent pas contre l’éducation gratuite, la médecine gratuite, et autres ? Pourquoi ne rétablissent-ils pas la domination des Etats-Unis qui a permis Guantanamo, ce petit coin de paradis sur leur île ?
Je souhaite de tout coeur que le Maroc soit le prochain sur la liste. Malheureusement, contrairement aux attentes, M6 n’ a rien fait pour améliorer l’analphabétisme. Il se contente de voyager un maximum et de collectionner à prix d’or tableaux ou autres, sinon se les fait offrir par les courtisans. Amélioration de la vie quotidienne et culturelle, il n’en a vraiment rien à cirer. Je visite encore parfois le Maroc, mais avec beaucoup de tristesse. Le phénomène immobilier initié par Mme Trabbelsi est en vigueur au Maroc aussi, mais c’est avec l’argent du kif.
Je pense que vous êtes aveuglé par votre propre propagande. Les Cubains ont déjà fait leur révolution, et c’est un succès. L’immobilisme, le paternalisme, sont du côté des USA avec leur embargo, sans oublié l’Europe qui regarde.
C’est bien la révolution Cubaine qui a apporté l’éducation et la médecine gratuite. Il y a même de nombreux américains qui vont se faire soigner à Cuba parce que ça coûte trop cher aux USA. Il y a aussi de nombreux étrangers qui vont étudier à Cuba, venant d’Amérique du Sud et d’Afrique. La catastrophe en Haïti l’illustre parfaitement : lors du tremblement de terre, cuba avait déjà beaucoup de médecins sur place, et ils en ont envoyé encore plus. Tandis que l’auto-proclamée plus grande démocratie du monde envoyait l’armée.