(Ce texte a servi de base à mon intervention au Colloque sur les correspondants de guerre, qui s’est déroulé le 18 mars au Bastogne War Museum).
Lors de la Seconde guerre, le front de l’information fut essentiel. « Notre premier champ de bataille n’est pas le Pacifique Sud ou l’Angleterre, c’est l’opinion publique américaine », déclara Archibald Mac Leish, le patron de l’Office of War Information.
Cette guerre de l’opinion avait commencé bien avant l’entrée en guerre des Etats-Unis. Durant les années 1930 et jusqu’à l’attaque de Pearl Harbor, l’Amérique s’était déchirée sur le nazisme, sur la guerre civile espagnole, sur l’engagement ou non aux côtés de la Grande Bretagne assiégée. Les journaux avaient choisi leur camp: le groupe Hearst ne cachait pas ses sympathies allemandes, le Chicago Tribune était isolationniste, Ed Murrow (CBS News) qui avait magistralement couvert le Blitz de Londres plaidait pour une intervention aux côtés de l’Angleterre.
En 1941, après l’entrée en guerre, tout fut mis en place pour que cette opinion publique reçoive des informations qui correspondent aux objectifs de guerre. Mais cette démarche ne signifiait pas nécessairement la censure la plus stricte ou la plus idiote, comme ce fut le cas lors de la Grande Guerre, – « l’un des moments les plus honteux de l’histoire du journalisme », déclara la députée libérale britannique Lucy Masterman-, mais une évaluation permanente de questions légitimes et pragmatiques: l’accès accordé aux journalistes, la liberté ou non qui leur était fournie de rapporter les combats, la publication ou non des photos de victimes alliées. Les contours de cette censure changèrent d’ailleurs avec l’évolution de la guerre.
Certains au sein des forces armées étaient favorables au black out. On connait l’adage: « Je ne dirais rien aux journalistes durant le conflit et quand celui-ci sera terminé, je leur dirais qui a gagné ». Certains gradés étaient même très hostiles à l’égard des journalistes. Pour eux, la liberté de la presse se traduisait par la liberté « par rapport à la presse ».
D’autres au contraire, à l’image du général Eisenhower, tablaient sur la loyauté des journalistes et jugeaient qu’il fallait leur accorder le plus de soutien possible dans leur travail d’information. « Le général Eisenhower reconnaissait tout spécialement la valeur de la presse, écrit Mary S. Mander, non seulement parce qu’il croyait au Premier amendement (de la Constitution), mais aussi parce qu’il y voyait un atout pour la propagande ».
Le statut des correspondants de guerre témoignait de ces égards : ils avaient le grade de capitaine et pouvaient disposer d’une Jeep et d’un chauffeur pour aller au front. Car ils allaient au front, au plus près des combats, et ils pouvaient parler sans « belle-mère » aux soldats et aux officiers. « Les reporters couvrant les forces américaines ont joui de conditions qui, si elles étaient souvent incertaines et risquées, étaient professionnellement proches de l’idéal », dira Richard Hottelet qui couvrit la bataille des Ardennes pour CBS News. « Rien à voir avec la Guerre du Golfe », confirma Walter Cronkite, le célèbre journaliste de CBS News lui aussi, qui suivit la bataille de 1944 pour l’agence de presse United Press et qui se moque cruellement dans ses mémoires des journalistes sténographes parqués dans le centre de presse de Dhahran en 1990.
La « bonne guerre »
Le Seconde guerre mondiale ne peut être vraiment comparée aux conflits qui ont suivi. C’était une guerre totale, la “Bonne Guerre”, un affrontement titanesque, civilisationnel, entre la démocratie et le totalitarisme. Les journalistes étaient généralement, massivement, « on board » et « on message » sur les questions les plus fondamentales.
Certes, ils bougonnaient lorsque des officiers censeurs « blue lined », soulignaient à l’encre bleu, leurs dépêches ou retardaient leur diffusion. « Le censeur est souvent un gaffeur bien intentionné. Soit il ralentit les choses de manière désespérante, soit il est tellement obtus à propos de la différence entre les informations militaires et des spéculations inoffensives qu’il pousse les correspondants au bord de la crise de nerf », s’énervait Raymond Daniell, chef du bureau du New York Times à Londres entre 1940 et 1941. Ils s’indignèrent même lorsque, lors de l’offensive von Rundstedt, le commandement suprême des forces alliées, comme s’en plaignit ouvertement l’hebdomadaire Time, retarda la publication des nouvelles du front, laissant ainsi tout l’espace à la propagande allemande et aux rumeurs alarmistes sur l’état réel des combats. Time parla d’une « censure aussi épaisse que la purée de pois qui avait couvert la contre-offensive allemande ».
Mais la grande majorité des journalistes ne contesta pas la censure sur le détail des opérations militaires, dans la mesure où celle-ci veillait à empêcher de fournir des informations précieuses à l’ennemi. Il y eut d’ailleurs peu de bavures, peu de secrets militaires diffusés par mégarde.
Quelles marges pour la liberté?
Quelle est dans le fond la place de la liberté de la presse, dans une démocratie, en temps de guerre? Où placer le curseur entre le droit du public à savoir, la liberté d’informer et la nécessité d’assurer la sécurité des soldats et le succès des opérations militaires?
Cette liberté est-elle possible en particulier en temps de guerre totale, lorsque les combats portent sur la survie de la nation voire même de la civilisation?
L’état de guerre gèle-t-il les fractures d’une société? Interdit-il par exemple une critique politique du gouvernement, ou des révélations sur la corruption ou les inégalités?
Permet-il les informations sur les défaites, les fautes stratégiques, les coups de folie ou les arrogances de hauts gradés, les violations du droit de la guerre par les troupes?
Bien sûr, « la vérité est toujours la première victime de la guerre », mais c’est un slogan simplificateur. La réalité est plus complexe et c’est dans cet entre-chien-et-loup, entre la liberté et la censure, qu’opèrent les journalistes de pays démocratiques. Confrontés aux directives des officiers, intimidés par les généraux ou soucieux de ne pas déplaire à leur public, beaucoup de correspondants se mirent au garde à vous et restèrent dans les rangs. Mais d’autres, tout en respectant les règles de sécurité et de secret militaire, définirent de manière beaucoup plus indépendante leurs rapports avec les autorités.
La Seconde Guerre n’imposa pas une chape de plomb sur l’information, elle n’étouffa pas tous les débats. Il y eut durant la guerre des élections législatives et présidentielles aux Etats-Unis. Aux élections législatives de novembre 1942, les Républicains progressèrent, mais s’ils ne réussirent pas à enlever la majorité démocrate au Congrès, ils purent faire passer des lois « conservatrices » visant à empêcher Roosevelt d’utiliser la guerre comme un levier de sa politique social et « partageuse » du New Deal. Et en 1944, le candidat républicain Thomas Dewey ne se priva pas de critiquer l’administration démocrate ou de dénoncer le « pro-communisme » des alliés syndicaux de Roosevelt.
Le bouillonnement du conflit racial ne stoppa pas non plus avec la guerre. Dans le Sud profond, les milieux racistes, inquiets d’une participation des Noirs à l’effort de guerre qui pourrait remettre en cause la ségrégation, s’exprimèrent violemment, tandis que les associations noires relayaient la fameuse campagne du double V, « la victoire contre le fascisme en Europe et contre le fascisme aux Etats-Unis », lancée par le journal africain américain The Pittsburgh Courier.
Sur cette question cruciale, la presse américaine, du moins une certaine presse, ne cacha pas les contradictions et les hypocrisies de la démocratie. Le quotidien PM, proche de la gauche du New Deal, et qui avait été lancé par Ralph Ingersoll, lui aussi présent comme officier dans la bataille des Ardennes, enquêta sur les lynch towns du Sud profond. L’hebdomadaire militaire Yank publia des lettres de soldats noirs scandalisés par les discriminations dont ils étaient victimes aux Etats-Unis, alors que les prisonniers allemands blancs y étaient mieux traités. Edgar Hoover, le patron ultra-conservateur du FBI (Bureau fédéral d’investigation) chercha faire taire cette presse dérangeante, mais le ministre de la Justice, Francis Biddle, l’en empêcha.
Leur propre regard
Des journalistes se distinguèrent aussi en imposant leur propre regard sur la guerre. Dans un contexte de contrôle et de censure, ils s’efforcèrent dans le mesure du possible d’exercer cette liberté interstitielle du journalisme, qui, selon la formulation de Daniel Cornu, fait de celui-ci non pas un simple rouage fonctionnel d’un système dont les objectifs ou les mécanismes le dépassent, mais l’agent responsable de l’information qu’il délivre, le siège de l’intuition morale ».
Au lieu de coller aux basques des officiers, de suivre les briefings, de se laisser cornaquer d’un endroit à un autre, des journalistes choisirent leur feuille de route, leur angle, leurs sujets. Ils décrivirent en particulier le simple soldat, ses épreuves, ses souffrances, ses frustrations. Ernie Pyle, le reporter de guerre le plus célèbre et le plus populaire de la Seconde guerre, exprima sans fioritures les souffrances, les frustrations, les difficultés des fantassins. Martha Gellhorn, la femme, bientôt ex-femme, d’Ernest Hemingway, viola les règles pour couvrir le débarquement en Normandie et parcourut souvent sans escorte les forêts ardennaises.
Nombre d’officiers n’aimaient guère ces journalistes fantassins armés d’un stylo et d’un bloc-notes, mais d’autres, proches de leurs hommes, étaient persuadés que la description de leurs épreuves était non seulement un hommage mérité à leur bravoure et à leur résilience, mais aussi un levier pour mobiliser la population du « front intérieur », tentée à tout moment de sous-estimer la nécessité de l’effort de guerre. « Mes soldats se battent mieux quand ils savent qu’Ernie Pyle est à proximité », disait un général américain.
Le dessinateur Bill Mauldin, avec ses deux célèbres personnages, Willie et Joe, deux GIs déjetés, mal lavés, mal fagotés, qui apparaissaient davantage soucieux de sauver leur peau que l’Amérique, prit de front les généraux qui ne supportaient pas cette vision peu glorieuse, mais pourtant si humaine, de l’armée. Son altercation avec le général Patton en janvier 1945 au Palais Grand Ducal de Luxembourg appartient aux annales du journalisme. « Dites, sergent, parlons de vos dessins, de la manière dont vous représentez ces putains de choses que vous appelez des soldats », l’apostropha le général, qui, s’il venait d’une grande famille, parlait comme un charretier. « Où avez-vu des soldats comme ceux-là? Vous savez bien, nom de Dieu, que vous ne représentez pas correctement le soldat américain. Vous leur donnez l’apparence de foutus clochards. Vous n’avez aucun respect pour l’armée, ses officiers et ses soldats. Qu’est-ce que vous voulez: inciter une putain de mutinerie? » Patton parla pendant 30 minutes sur la discipline, le devoir, l’ordre et il en accorda juste 5 à Mauldin pour répondre. Les deux restèrent sur leurs positions, mais le soir, le dessinateur eut le dernier mot en publiant une caricature de Patton…
Certains correspondants mirent en exergue les tensions entre les officiers et la troupe, même dans les publications militaires. Il n’y avait pas de raison, estimaient certains d’entre eux, de passer sous silence des informations sur le comportement inacceptable des plus hautes autorités à l’encontre des simples soldats, sous prétexte qu’entacher leur réputation « apporterait du réconfort à l’ennemi », ce qui est une définition de la trahison.
Dans l’hebdomadaire militaire Yank, de nombreux dessins de George Baker mettant en scène un plouc improbable, le très gaffeur Sad Sack, évoquaient les privilèges que s’octroyaient les officiers et dénonçaient leur arrogance et leur arbitraire. Jusqu’où pouvait-on souligner cet état des choses sans affaiblir le moral des troupes? Certains officiers s’en offusquaient, alors que d’autres, notamment au sein du Haut Etat-major, estimaient que ces dessins ironiques et iconoclastes aidaient à relâcher la pression et contribuaient dès lors à l’effort de guerre.
Dissidences politiques
Des correspondants de guerre s’en prirent à des décisions militaires qu’ils jugeaient insensées. Homer Bigart, du New York Herald Tribune, stigmatisa les commandants du débarquement américain sur les plages d’Anzio, en Italie, qui exposaient de manière inconsidérée les soldats au feu ennemi. « Un carnage insensé », confirma Eric Sevareid, l’un des Murrow Boys à CBS News. De son côté, Hanson Baldwin, le très influent chroniqueur militaire du New York Times, souligna les erreurs de l’armée américaine à Bastogne, le manque de préparation, la faillite du renseignement.
Plus politiquement, des journalistes s’insurgèrent contre la collaboration avec les pétainistes à l’issue du débarquement de 1942 en Afrique du Nord. « Est-ce qu’on se bat contre les nazis ou est-ce qu’on couche avec eux? », s’indigna Ed Murrow, de CBS News. Ernie Pyle fut tout aussi sidéré et il publia un texte inspiré par les critiques des agents du contre-espionnage américain à Oran : « Nous avons laissé en place le menu fretin des fonctionnaires installés par les Allemands avant que nous arrivions, écrivit le célèbre journaliste. Nous permettons à des sociétés fascistes de continuer à exister. Les Français loyaux, qui assistent à ce spectacle, se demandent quels types de gens nous sommes. Nos ennemis ricanent”.
Dans des articles d’une rare puissance, I.F. Stone, dans The Nation, et Varian Fry, dans The New Republic, dénoncèrent aussi le silence sur le génocide des Juifs. Stone parla de l’assassinat d’un peuple », d’un cauchemar « si terrifiant que les gens en frissonneront d’horreur pendant les siècles à venir».
Les zones d’ombre
Il y eut, cependant, de nombreuses zones d’ombre, des sujets peu ou mal couverts. Convaincus qu’ils couvraient une « bonne guerre » contre le totalitarisme nazi et le militarisme nippon, les journalistes ne s’interrogèrent pas beaucoup sur des questions qui se révélèrent très importantes lors des décennies suivantes. La liste des « sujets négligés » fut dès lors assez longue : les crimes de guerre commis par les forces alliées; les bombardements « stratégiques », c’est-à-dire visant les populations civiles, sur des villes allemandes; le recours à l’arme nucléaire à Hiroshima et Nagasaki; les pertes civiles lors des bombardements de villes alliées, particulièrement en France mais aussi en Belgique, comme Houffalize en décembre 44 et janvier 45; l’attitude des Etats-Unis à l’égard de l’extermination des Juifs.
La presse américaine ne couvrit pratiquement pas les rivalités entre des généraux aux égos boursouflés (Patton, Montgomery, etc.) qui mettaient en danger les troupes. Elle gomma les exemples de friendly fire ( c’est-à-dire venu de ses propres troupes) comme celui du 11 juillet 1943 en Sicile. A la suite de mauvaises communications, 23 avions transporteurs de paras américains furent abattus par des « tirs amis ». Le drame subi par la 82 ème division aéroportée ne fut rendu public qu’après la guerre: officiellement 410 paras et pilotes trouvèrent la mort, mais certaines sources évoquent des chiffres bien plus élevés.
Certains sujets étaient « hors limites ». L’illustrateur de Yank, Harold Brodie, se vit refuser la publication d’un dessin de trois prisonniers allemands exécutés par les GIs lors de la bataille des Ardennes. Le reportage de George Weller, du Chicago Daily News, sur la ville de Nagasaki dévastée par le feu nucléaire fut interdit par la censure militaire et ne fut publié en entier qu’en 2006.
Les leçons
En temps de guerre, la presse ne perd pas sa mission d’informer. Cette règle s’impose d’autant plus lors de guerres partielles, comme celles du Vietnam ou d’Irak, qui n’engagent pas la survie d’une nation. Et en fait, qui honore-t-on au sein du journalisme américain? En général, ceux qui, tout en respectant strictement les règles de sécurité, ont pris le parti d’informer contre le mensonge patriotique, de continuer à pratiquer cette fonction de vigilance démocratique et de contre-pouvoir qui est au coeur de la mission d’informer.
A l’exemple de George Polk, assassiné lors de la guerre civile grecque par des nervis du camp allié aux Etats-Unis. Il a donné son nom à l’un des prix les plus prestigieux du métier, délivré par l’Overseas Press Club. Un prix accordé en 1963 à David Halberstam, un petit reporter du New York Times, dont les dépêches bâties à partir d’enquêtes sur le terrain, dans les rizières, contredisaient les déclarations pompeuses des briefings de presse officiels, ces « follies de cinq heures » de Saigon, comme on les appelait, qui distillaient des chiffres faux et des assertions fantasques, comme à Dhahran 30 ans plus tard.
A l’exemple d’IF Stone, qui, on l’a vu, fut l’un des premiers, en 1942, à dénoncer la passivité des alliés face à l’extermination des Juifs, mais qui enquêta également aux Etats-Unis sur les grandes entreprises profiteuses de guerre et qui, dans les années 1960, révéla les fausses prémisses et les fausses promesses de l’engagement américain au Vietnam. Sa mémoire est consacrée aujourd’hui par le Prix IF Stone pour l’indépendance journalistique, octroyé par l’American University de Washington et la Fondation Nieman de Harvard.
Une démocratie ne se bat pas non plus comme une dictature. La presse d’un pays démocratique doit être la première à garantir ce postulat qui protège l’humanité, la cohérence et l’intégrité morale d’une nation. Et elle le fait en enquêtant en particulier sur les violations du droit de la guerre commises par les troupes de son propre pays ou par ses alliés. C’est ce qui fit Seymour Hersh en 1968 au sujet du massacre de My Lai au Vietnam ou Raymond Bonner sur le massacre de El Mozote au Salvador, un crime commis par des unités d’élite salvadoriennes formées par les Etats-Unis.
Le test de l’indépendance et de la qualité journalistiques, mais aussi la réalité d’une démocratie, dépendent de ce cette liberté et de ce courage de parler vrai, « contre son propre camp », au nom des valeurs proclamées par son propre camp. Comme François Mauriac et Georges Bernanos, deux intellectuels catholiques, lorsqu’ils dénoncèrent Franco, chef de file de la croisade nationale-catholique, lors de la guerre d’Espagne. Comme François Mauriac encore, Claude Bourdet, Jean-Jacques Servan Schreiber, Jacques Duquesne, voire Raymond Aron durant la guerre d’Algérie, qui s’indignèrent du recours à la torture.
Je ne résiste pas au plaisir de citer à ce propos deux intervenants de ce colloque. « S’il y a une victoire d’Oussama Ben Laden, confiait Jonathan Randal à Rémy Ourdan en 2011, c’est le tort que l’Amérique s’est fait à elle-même en contournant ses propres lois. Nous étions un pays de droit et le monde entier nous enviait. Du jour au lendemain, nous sommes devenus un pays peureux qui reniait ce qui a fait la grandeur de l’Amérique ». Dans ce combat pour les principes et les lois, la presse devrait être à l’avant-garde.
Et je vous invite à réfléchir à cette phrase de William Fulbright, prononcée en 1966, en pleine guerre du Vietnam. Il était alors président de la puissante Commission des affaires étrangères du Sénat américain. « Critiquer son pays, proclama-t-il, c’est lui rendre service et lui faire un compliment. C’est lui rendre service, car on peut amener le pays à faire mieux; c’est lui faire un compliment, car c’est proclamer la conviction que le pays peut mieux faire. La critique est plus qu’un droit, c’est une acte de patriotisme, une forme plus élevée de patriotisme que les rituels familiers de l’adulation nationale ».
Note: Le colloque, inauguré par le bourgmestre de Bastogne, Benoit Lutgen, a été introduit par Elie Barnavi et s’est terminé par une réflexion sur le journalisme de guerre comme forme littéraire par Bernard-Henri Lévy. Une palette de journalistes y ont pris part: Béatrice Delvaux et Colette Braeckman du Soir, Rémy Ourdan (Le Monde), Florence Aubenas, Slimane Zeghidour (TV5), Charles Enderlin (ex-France2), Jonathan Randal (ex-Washington Post) et Maurice Szafran (ex-Marianne).
L’initiative était organisée sous la houlette de la société Tempora, spécialisée dans les événements culturels et en particulier de ceux liés au Bastogne War Museum.