La nuit a été calme sur la place Taksim hier soir. La police anti-émeutes était présente mais elle n’est pas intervenue, alors que les protestataires s’étaient retranchés derrière de nouvelles barricades dans le pac adjacent de Gezi. Les violences se sont déplacées mais elles n’ont pas dominé l’actualité, qui s’est concentrée sur les initiatives politiques visant à sortir de la crise.
Sur le terrain politique, le premier ministre Erdogan a donné l’impression de vouloir « désescalader la confrontation » en rencontrant des membres de la société civile et en évoquant l’organisation d’un référendum pour décider du sort du parc de Gezi. De son côté, le président Gul, qui tout au long de cette crise a joué le rôle du « bon commissaire » face à son premier ministre « père-fouettard », a répété que tout devait se résoudre « dans la démocratie ».Est-on dès lors en train de sortir d’un conflit qui commence à avoir des répercussions sur l’économie du pays, en particulier le tourisme ? Pas vraiment. Les porte-paroles des occupants du Parc ont rappelé qu’ils n’avaient mandaté personne pour la réunion avec Erdogan et si certains ont accueilli plutôt positivement l’idée d’un référendum, d’autres estiment que rien n’a été résolu. L’opposition, de son côté, n’est pas près d’abandonner ses critiques, en dénonçant en premier lieu le comportement de la police les jours derniers.
L’enjeu: quels projets politiques?
En fait, la vraie question n’est plus aujourd’hui de décider de la transformation du Parc de Gezi ou de l’aménagement de la place Taksim, même si ces sujets sont loin d’être négileables. Recep Tayyip Erdogan l’a bien compris. La crise ne porte pas sur quelques arbres et quelques espaces de verdure au cœur d’Istanbul, mais bien sur la nature et le projet politique du pouvoir à Ankara. En organisant des rassemblements de ses partisans samedi et dimanche, le premier ministre et son parti AKP indiquent clairement que les enjeux sont idéologiques et non pas urbanisitiques ou environnementaux.
Mais s’il a pris la mesure de la dimension éminemment politique de la contestation, le premier ministre ne semble pas près de se remettre en cause, persuadé que ses succès électoraux lui donnent le droit et la légitimité de poursuivre son programme, quitte à avancer avec des œillères et sans rétroviseur.
Au cours de mes rencontres à Istanbul, la plupart de mes interlocuteurs se sont dits persuadés que cette crise offre à la Turquie une occasion unique de formuler un nouveau projet pour l’ensemble de la nation, en tenant compte de toutes ses composantes et en recourant au dialogue et au débat. Mais combien sont-ils, au sein des partis et de l’opinion, à vraiment partager cette vision ? La polarisation entre les « deux Turquies » est une réalité tangible. Elle apparaît même à certains comme un scénario connu et dès lors moins incertain et moins dangereux que l’entrée du pays dans une culture démocratique fondée sur le débat, la concertation, le compromis mais aussi l’innovation.
Si certains se persuadent que la Turquie pourrait être un “modèle”, c’est maintenant pourtant qu’il pourrait être forgé. En sortant des vieux sillons idéologiques et partisans, en cessant de voir la politique comme la scène de revanches éternelles d’un camp contre un autre, en tenant compte de la diversité d’un pays pendant trop longtemps figé dans une définition unique, nationaliste ou religieuse, de son identité.
Autant que vous le sachiez: Erdogan aimerait bien que la TV ne montre pas la répression: c’est mauvais pour le moral des enfants paraît-il…http://www.voltairenet.org/article178871.html ( alerte de http://www.democratie-nouvelle.be.ma )
D’un point de vue politique : Erdogan va à l’encontre des principes de laïcité et souhaite créer les plus grandes mosquées possible dans chaque ville de Turquie et notamment à Istanbul en détruisant la statue d’Attaturk qui lui a maintenu la laïcité en combattant les islamistes par le passé. C’est un symbol auquel Erdogan s’attaque et les turcs démocrates en ont bien consciences, ils ne veulent pas d’une Turquie islamiste comme Erdogan le souhaite.
D’un point de vue social : On constate que les grands moyens et la ruse sont employés par Erdogan pour mettre un terme aux manifestations, barbouzerie, arrestations de masses dans la violence, plusieurs morts, poussé la jeunesse à l’extrême au point de s’immoler en guise de protestation envers l’archaïsme d’Erdogan.
D’un point de vue économique : Rappelons que c’est la Turquie de l’Ouest qui a rapportée l’économie du pays et non l’Est. L’Ouest de la Turquie est beaucoup plus démocrate et laïc que ceux de l’Est, aujourd’hui nous assistons à une fracture turque. Ceux qui veulent le monde moderne et ceux qui souhaitent la régression sociétal.
La question que je me pose est la suivante : Est-ce le réveil de la Turquie Démocrate face à la tyrannie religieuse ?
Mes conclusions sont que si Erdogan continue dans ce sens, il condamne son pays à un retour en arrière socialement, politiquement et économique car s’il souhaite un pays islamique, tout le monde sait très bien que c’est la régression qui l’attend et non l’évolution.
Si ce sont les démocrates humanistes qui prennent le pouvoir, ce pays évoluera certainement de plus belle.
L’avenir nous le dira mais pour une fois, au-lieu d’être spectateur nous pouvons dire aux jeunes turcs démocrates que nous sommes avec eux et leur rappeler que la Démocratie qui va de pair avec l’Humanisme doit-être défendue corps et âme.
Une saine démocratie tient compte de ses minorités. Elle leur assure les mêmes droits que ceux de la majorité. La Turquie n’est plus, selon moi ni un pays laïc ni un pays ou la liberté individuelle et le droit à la défense d’opinions et de critique du pouvoir est garantie. Il y a 76 journalistes en prison en Turquie. De nombreux autres journalistes ou rédacteurs dans la presse sont sous contrôle, ont été déboulonnés ou subissent des pressions policières. La Turquie n’a jamais reconnu le génocide arménien et elle gère le problème Kurde par la force. Nier que la Turquie est en voie d’islamisation fait partie de la manipulation que l’on subit en permanence. Les symptômes et les faits sont là pour le démontrer. On parlait de l’entrée de la Turquie dans UE ! Pourquoi cela n’avance pas, à votre avis ? Simplement parce les Turquie ne sait – ou ne peut pas – se soumettre aux prérequis Européens. De plus, la Turquie se tourne maintenant plutôt vers le Golfe pour faire alliance. Tant qu’il y aura du pétrole ???
@Maurice Tolstoy – informe toi correctement avant de publier des commentaires.
1 – Deja quand la loi a été voté l’opposition n’a pas voté en faveur de la reconstruction de la caserne simplement pour le reamenagement des la place pour les pietons.
2 – Un tribunal a deja rendu un arret le 31 Mai pour arreter le projet de construction de la caserne. Il y a un president qui n’ecoute pas la decision.
Alors tu as posé plein de question repond a celle la – comment peux-t-on faire un referendum sur un sujet sur lequel ton appareil judiciaire a deja emis son avis. Donc tu supposes que le referendum est supérieure a la justice ??
3 – “Quel dictateur propose un referendum?” Hitler en avait proposé n’est-il pas un dictateur ?
@Maurice Tolstoy – Je te conseille de jeter un coup d’œil sur la vidéo http://www.odatv.com/vid_video.php?id=8BGCH
Tu changeras rapidement d’avis en ce qui concerne les “50 % de cons”. Ce n’est d’ailleurs pas Ugur Mumcu (assassiné en 1993) qui avait émis cette réflexion mais Aziz Nesin, l’écrivain qu’une belle foule islamiste (beaucoup sont certainement devenus des braves électeurs AKP par la suite) avait voulu brûler vif à Sivas (incendie de l’hôtel Madimak, une trentaine de morts, pour la plupart des artistes et intellectuels alévis). C’est marrant, c’est des évènements que nos chers petits chantres pro-AKP ne veulent jamais rappeler à l’opinion publique européenne.