Qui va pouvoir informer légalement sur l’élection présidentielle, prévue le 14 juin prochain en Iran ? Ceux qui auront fait acte d’allégeance au pouvoir, tout simplement.
Depuis des mois, les autorités de Téhéran multiplient, en effet, les attaques contre les journalistes et les blogueurs qui sortent des rangs. Ou qui pourraient « perturber » la couverture conforme du scrutin. Pas question que se répètent les événements de 2009 lorsque l’opposition avait réussi à inquiéter le régime, en utilisant notamment les nouveaux réseaux sociaux pour mobiliser et informer. Des millions de sites ont été bloqués et la surveillance électronique s’est généralisée.
Plus de 40 journalistes sont actuellement emprisonnés, selon un rapport du Comité de protection des journalistes (CPJ, New York), un chiffre qui tranche avec celui des années Khatami, lorsqu’un seul journaliste (un de trop, quand même) se trouvait en prison en 2004. Et la répression risque de se durcir à l’approche du scrutin.
Ce chiffre ne reflète pas toutefois la réalité des pressions organisées sur la presse. Le régime pratique, en effet, un système d’ « emprisonnement rotatif », c’est-à-dire qu’il faut ajouter à ces 40 prisonniers non seulement ceux qui ont été incarcérés pour de courtes périodes avant d’être relâchés sous conditions, en attente d’un jugement ou d’une nouvelle arrestation, mais aussi les 68 journalistes partis en exil à la suite des menaces et des harcèlements.
Tortures et intimidations
65% des journalistes emprisonnés croupissent dans la prison d’Evin, où, très souvent, ils sont soumis à de mauvais traitements, à l’instar de Hossein Derakhstan et Saeed Madani, qui ont été torturés et contraints à des aveux forcés. Deux journalistes au moins y sont morts à la suite de sévices. Les familles subissent également des pressions et intimidations. Dans certains cas, les journalistes sont emprisonnés très loin de leur domicile afin de compliquer les visites de leurs proches.
La plupart des journalistes ont été accusés de « crimes contre l’Etat », que ce soit de « propagande », « d’atteinte à la sécurité de l’Etat”, d’ « insulte à l’encontre du Guide suprême » ou d’espionnage.
“Aveux forcés”
A New York, lors d’une soirée organisée par le PEN American Center, l’International Campaign for Human Rights in Iran et le CPJ, Maziar Bahari, ex-envoyé spécial de Newsweek à Téhéran, a insisté sur l’urgence de dénoncer ces attaques contre la presse. « Contrairement à la Corée du Nord, a-t-il déclaré, l’Iran se préoccupe de son image à l’étranger ». Le journaliste a présenté son film documentaire Forced Confessions, sur des intellectuels et journalistes iraniens contraints, le plus souvent sous la torture, à confesser leur « culpabilité » lorsqu’ils étaient en détention. Maziar Bahari avait lui aussi été forcé à « avouer » ses “menées subversives” en 2009, avant d’être libéré et renvoyé à Londres après 118 jours de prison et de torture, un cauchemar qu’il a raconté dans son livre Then They Came for Me(Et alors ils sont venus me chercher).
Plus de 40 journalistes sont emprisonnés en Iran, d’après les chiffres du CPJ en 2012 ils seraient 45. Mais ne parlons pas de la Turquie ou selon le recencement du CPJ, ils seraient 49 à être dans les geoles Turques, probablement pour avoir dénoncé la politique criminelle de Erdogan, ce grand démocrate qui aimerait voir son pays au sein de l’Europe. Mais la Turquie on ne peux pas en parler, c’est un allié……
merci de rappeler la situation en Turquie, dont j’ai parlé en fait dans un précédent blog http://lalibertesinonrien.lesoir.be/2013/03/04/ou-la-turquie-le-regard-de-marc-pierini/
bien à vous
Jean-Paul Marthoz
N’ayant pas toujours le temps de tout lire, c’est toujours avec grand plaisir lorsque vous m’indiquez des articles que j’aurai manqué. Il y a donc un lien dans votre article menant à une page du CPJ et qui est beaucoup plus critique à l’encontre de la politique Turque envers les journalistes. J’ai noté toute fois une différence entre la page CPJ en anglais http://cpj.org/europe/turkey/ et la meme page CPJ en francais ou la Turquie est introuvable dans les onglets, pourtant au vu de la page en anglais il y a quantité d’article parlant des nombreux abus et pression à l’encontre des journalistes. Ma question sera donc pourquoi n’y a t-il aucune référence à ce pays en langue francaise.
Cordialement
Georges
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