Le sommet entre la Russie et l’Union européenne qui s’ouvre à Bruxelles devrait aborder, sur les marges, la question des droits de l’homme. A la veille de ce sommet, auquel participera le président russe Vladimir Poutine, les organisations de défense des droits humains ont rappelé leurs principaux griefs à l’encontre du Kremlin, en particulier l’adoption de législations restrictives régissant la liberté d’expression, le droit de manifester et la liberté d’association.
Dans un communiqué commun, Amnesty International, Human Rights Watch (HRW), la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH) ou encore Freedom House ont dénoncé les restrictions imposées au financement des ONG russes par des fondations étrangères et le durcissement de la définition du crime de « trahison », qui pourrait avoir pour conséquence de criminaliser la défense internationale des droits humains.
Généralement sur la défensive, la Russie a, cette fois, choisi la tactique de l’« attaque préemptive ». Début décembre, le ministère russe des Affaires étrangères a publié un rapport de 66 pages sur la situation des droits humains au sein de l’Union européenne. Konstantin Dolgov, l’ambassadeur spécial des droits humains de la Fédération de Russie, est venu à Bruxelles, où il a remis une copie de ce rapport à Stavros Lambrinidis, représentant spécial de l’Union européenne pour les droits humains. Et, lors d’un dîner, il a rencontré les représentants des principales associations de défense des droits humains à Bruxelles, la FIDH, Amnesty, Transparency International, Human Rights Watch et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
La Belgique? “Pas idéal”
Lors de ce dîner (auquel nous avons participé), l’ambassadeur ne s’est pas contenté de mettre en exergue le sort des minorités russophones dans les pays baltes, sujet traditionnel des récriminations russes à l’égard de l’Union. Il a également pointé du doigt les défaillances et les violations des droits humains dans tous autres pays membres de l’Union. Dont la Belgique, où, note le rapport, « la situation est loin d’être idéale ».
Dans un texte de 3 pages consacré à notre pays, les auteurs relèvent « la non-ratification par la Belgique de la Convention cadre du Conseil de l’Europe pour la protection des minorités, des abus de pouvoir et des actes de violence par les forces de police, les humiliations subies par les immigrés, la surpopulation carcérale, les discriminations à l’encontre des Roms, etc. »
Cette tactique russe est légitime et « de bonne guerre ». La Russie se trompe, cependant, si elle croit pouvoir s’exempter de revoir ses politiques répressives en pointant du doigt les défaillances européennes. Les dissidents et opposants russes ne se laissent pas distraire aussi facilement. Et les associations internationales ne se laissent pas impressionner ou culpabiliser aussi rapidement, dans la mesure où elles sont les premières à critiquer les atteintes aux droits humains au sein de l’Union européenne.
Mener par l’exemple
Quant aux Européens, s’ils s’agacent de cette « équivalence morale » qu’implique l’initiative de la Russie, ils devraient se rappeler qu’il est essentiel de « mener par l’exemple », quand on ambitionne de placer les droits humains au centre de ses relations internationales et que l’on fait la leçon à ses interlocuteurs.
La cohérence est en effet une condition sine qua non de l’efficacité d’une diplomatie des droits humains. Et, comme le dirait Monsieur de La Palice, on attend davantage de respect de la démocratie dans les pays démocratiques que dans ceux qui le sont moins…
J’espère que l’Europe fera de même lorsqu’un dirigeant américain viendra. De leur rappeler, les droits de l’homme facon Guantanamo, le Patriot Act, le NDAA, leurs actions underground à travers le globe, engendrant souffrance humaine, le droits des populations dans les pays qu’ils déstabilisent.