La tenue du concours européen de la chanson fin mai à Bakou (Azerbaïdjan) suscite de plus en plus de critiques au sein des associations internationales de défense des droits de l’Homme. Contrairement à leurs espoirs, le gouvernement Aliyev n’a absolument pas diminué sa pression sur les journalistes indépendants, les dissidents et les opposants.
L’ « effet Eurovision », censé amadouer le régime et l’amener à se libéraliser, est en panne, comme le montrent les arrestations, détentions et harcèlements de personnes qui contestent les autorités.
Embarrassés, les hauts responsables de l’Union européenne de radio-télévision (UER) avaient espéré détendre l’atmosphère, en organisant un dialogue, le 2 mai à Genève, entre des représentants des autorités azerbaïdjanaises, des responsables d’Ictimai, la chaîne publique membre de l’Eurovision, et d’ONG locales et internationales.
Une lettre courroucée
C’est le contraire qui s’est passé. Dans une lettre publiée ce lundi et signée par 8 associations, dont Human Rights Watch, Article 19, le Comité de protection des journalistes et des ONG locales, les participants ne mâchent pas leurs mots à l’encontre du représentant officiel, Ali Hasanov. Lors d’interventions qualifiées d’ « abrasives », le directeur du Département pour les affaires publiques et politiques de la présidence de l’Azerbaïdjan aurait procédé, en effet, à une attaque en règle contre les journalistes critiques et les activistes de son pays.
« L’attitude de défi affichée par le représentant de l’Azerbaïdjan à propos de la situation de la liberté de la presse, écrivent les ONG, contredit l’assurance qui avait été donnée par le gouvernement d’ouvrir un dialogue constructif avec toutes les personnes concernées, y compris les plus critiques ».
Un aveuglement volontaire
Mais les participants pointent aussi du doigt l’UER, accusée de ne pas avoir osé critiquer publiquement les autorités au sujet de la liberté de la presse, des droits humains et de la liberté d’expression. « L’Union européenne de radio-télévision, notent-ils, fait preuve d’un aveuglement volontaire face aux politiques répressives du gouvernement, ce qui soulève des questions quant à son engagement à défendre ces valeurs ».
Il reste une quinzaine de jours avant la célébration du célèbre concours de la chanson, un spectacle « apolitique », souligne l’Eurovision, alors que le régime utilise clairement cet événement pour renforcer son pouvoir et booster son image de pays moderne sur la scène internationale.
Gageons que les responsables de l’Eurovision croisent les doigts, en espérant qu’aucun scandale ne viendra gâcher la fête. En espérant aussi que le vainqueur de Bakou 2012 sera cette fois-ci originaire d’un pays démocratique, où la notion de télévision de service public, libre et impartiale, est vraiment prise au sérieux.
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