En ce moment où Anders Behring Breivik envahit l’actualité avec son discours de haine, il est plus que jamais nécessaire de rappeler qu’il y a, en face de ce tueur de civils et de jeunes sans défense, des personnes qui ont pris des risques inouïs pour sauver des vies humaines. A l’exemple de Jan Karski, un jeune résistant polonais qui, au milieu des heures les plus tragiques de la Deuxième guerre mondiale, témoigna avec une audace incroyable de la mise en œuvre de l’Holocauste.
Hier, le président Barack Obama a annoncé que ce Juste, décédé en 2000, serait bientôt honoré par la Médaille présidentielle de la liberté, la distinction officielle la plus élevée pour un civil aux Etats-Unis. Le chef d’Etat américain, qui venait de prononcer un discours au Musée de l’Holocauste de Washington, a souligné l’exemple posé par Jan Karski et l’actualité de son combat.
« Nous devons dire à nos enfants comment on a laissé se développer ce mal, a déclaré Barack Obama, car tellement de gens succombèrent à leurs instincts les plus sombres, car tellement de gens restèrent silencieux. Nous devons aussi dire à nos enfants qu’il y a eu des Justes parmi les nations et que Jan Karski était l’un deux, un jeune catholique polonais qui a vu comment les juifs étaient entassés dans des wagons à bestiaux, qui a vu les assassinats et qui a dit la vérité, jusqu’au Président Roosevelt ».
Mon témoignage devant le monde
Mort en 2000, après avoir poursuivi une carrière académique à l’Université de Georgetown, Jan Karski est aussi l’auteur d’une très belle et très forte autobiographie, Mon témoignage devant le monde (Edition Points, Paris). Ce livre, qui raconte comment il enquêta sur le massacre des Juifs et rapporta ses révélations aux forces alliées, est un véritable antidote, un “droit de réponse”, à Breivik et à tous ceux qui, aujourd’hui, se laissent séduire par l’extrême droite et ses messages de rancœur et de haine.
Ses paroles sont d’une puissance extraordinaire et envoient aujourd’hui encore un avertissement poignant à tous ceux qui ne veulent rien voir venir et ne veulent rien savoir. « Je professe que l’humanité a commis un second péché originel, écrivait-il, sur ordre ou par négligence, par ignorance auto-imposée ou par insensibilité, par égoïsme ou par hypocrisie ou encore par froid calcul. Ce péché hantera l’humanité jusqu’à la fin du monde. Ce péché me hante et je veux qu’il en soit ainsi ».
A lire et à relire en ce moment de « brutalisation du monde »