Jean-Luc Mélenchon déteste qu’on le compare à Marine Le Pen. Et il n’a pas de mots assez durs pour critiquer les médias et les analystes politiques qui établissent une similitude entre le « populisme frontiste de gauche » et le « populisme frontiste national ». Et il a raison : il ne suffit pas de dénoncer la mondialisation, de s’en prendre aux élites ou d’avoir le verbe tonitruant pour partager le même lit idéologique.
Mais pourquoi Jean-Luc Mélenchon s’est-il dès lors retrouvé aux côtés de Marine Le Pen, en ne répondant pas au questionnaire envoyé par l’organisation Human Rights Watch à tous les candidats ? Tous les prétendants à l’Elysée ont réagi, sauf les leaders du Front de Gauche et du Front National.
Michel Onfray offre sans doute une réponse dans le numéro actuel du Nouvel Observateur. Dans un texte titré sans détours : « Pourquoi je ne voterai pas Mélenchon », le philosophe s’en prend aux complicités internationales du candidat, à son insensibilité au sort des Tibétains, à ses amitiés pour Hugo Chavez à son tour ami d’Ahmadinejad ou de Fidel Castro, à sa vénération pour Robespierre et Saint-Just, à son admiration pour François Mitterrand. «Le socialiste libertaire que je suis, écrit Michel Onfray, ne saurait souscrire au socialisme autoritaire défendu sur le terrain international par le candidat commun du Parti communiste français, du Parti de Gauche et de la Gauche unitaire ».
Et Michel Onfray conclut: « Parce que je veux pas de la botte chinoise sur la tête du Tibet, parce que je suis pas solidaire de gens qui envisagent la possibilité d’attaquer militairement Israël, parce je me sens au côté du peuple iranien victime de ses dictateurs et de ceux qui, à Cuba ou en Iran, croupissent au fond des geôles, parce que je n’aime la Révolution française que pour les progrès qu’elle a permis et non pour le sang qu’elle fit couler (…), je ne voterai pas pour Jean-Luc Mélenchon ».
Polémique, dru, voilà un philosophe qui a le verbe aussi haut que le tribun de gauche, mais aussi d’autres valeurs et d’autres principes.
Mélenchon n’est pas parfait, et ses positions sur tout et le reste ne sont pas toujours fidèlement citées ni mises en contexte.
Il est le seul adversaire cohérent de la finance qui tue la société et met en tutelles les Etats, nous précipitant bientôt à l’abîme.
De son côté, le pauvre Michel Onfray, qui ne représente que lui-même, se dévoile de plus en plus comme un guignol irresponsable et infatué. Son autoproclamation de socialisme libertaire, qui devrait faire enrager, ou trembler, les pouvoirs, a cessé de faire illusion, et à la fin de cette campagne du premier tour, il s’attaque au seul candidat dangereux pour la finance. Nicolas Doisy, chief economist à Chevreux (Crédit Agricole), ne cache pas le péril que représente Mélenchon pour les marchés, dans cet entretien: http://www.lesmutins.org/Le-plan-de-bataille-des-financiers.html .
Et si vous voulez une petite critique aussi fondée que drôle d’un type qui après avoir écrit “La sculpture de soi”, tué Dieu définitivement et exécuté Freud en quatre mois de lecture et trois mois de rédaction, n’a toujours pas seulement commencé à “penser” à cesser de se prosterner devant le veau d’or médiatique, vous vous amuserez peut-être à lire: “Études de cas > Impostures esthétiques et intellectuelles – Proposition de loi pour l’interdiction de Michel Onfray dans l’ensemble de l’espace public – Une initiative citoyenne – par SPINOZA”, http://lmsi.net/Proposition-de-loi-pour-l .
Bien à vous tous !
Il a pourtant signé pour 10 mesures en faveurs des droits humains auprès d’Amnesty!
Ceux qui n’ont signé pour aucune de ces mesures sont Le Pen et Sarkozy!
http://www.amnesty.fr/Informez-vous/Les-actus/Ameliorer-les-droits-humains-une-priorite-pour-quels-candidats-5163
Quand un homme, fût-il intellectuel et influent comme Onfray, se laisse médiatiquement aller à de pareilles distorsions de la vérité, ne vous sentez pas obligés de relayer bêtement son propos, sans aucune recherche parallèle!
Lui-même ferait bien de poser au préalable la question à Mélenchon plutôt que de tirer des conclusions précipitées.
Que les journalistes oublient de plus en plus la part de recherche et d’analyse qu’implique leur travail est consternant. Et qu’un philosophe oublie ce qu’honnêteté intellectuelle signifie est carrément affligeant.
merci de cette précision sur sa réponse à Amnesty. mais JL Mélenchon ne traite pas dans ces réponses les questions soulevées par Human Rights Watch et par Michel Onfray. Le propos du blog n”étant pas évidemment d’analyser toutes les positions de Mélenchon sur les droits humains mais de relayer une controverse relative au positionnement international du candidat du Front de gauche.
Bien à vous
Jean-Paul Marthoz
Si il est vrai que Mélenchon n’est pas libertaire, il semble selon la vidéo suivante que plusieurs critiques d’Onfray sont injustifiées:
http://www.youtube.com/watch?v=oGCUmTAdYRw&feature=player_embedded