J’ai tenté de suivre hier le procès d’Anders Breivik et très vite j’en suis sorti révulsé par l’ensauvagement de ce personnage. J’en suis sorti agacé aussi par la manière dont la justice norvégienne offre une tribune publique à un assassin de masse. La liberté d’expression accordée à un tueur prend une tout autre dimension lorsque le procès n’est plus réservé à un auditoire limité, dont des journalistes censés interpréter et cadrer les propos de l’accusé, mais est diffusé en direct par les chaînes de télévision et relayé par la blogosphère.
Raymond Aubrac
Hier, si l’on voulait réfléchir vraiment aux extrémismes et aux totalitarismes, il valait mieux se brancher sur les cérémonies d’adieu à Raymond Aubrac, l’un des personnages les plus attachants de la résistance française contre le nazisme. Il fallait mettre sur « mute » les hallucinations déjà archiconnues du tueur norvégien et laisser s’élever sur le chemin des crêtes les hommages rendus à une personne qui s’était battue pour la vie. Et qui s’est battue toute sa vie pour éviter que ne resurgissent des Hitler ou des Anders Berhing Breivik.
Il est étonnant, d’ailleurs, que pratiquement aucun média n’ait fait le parallèle entre la haine mise en scène à Oslo et le courage célébré solennellement à Paris, entre l’inhumanité et la dignité, entre deux passés qui continuent à s’affronter dans un combat qui touche non seulement à notre mémoire mais aussi à notre avenir.
Comme avant lui l’écrivain antisémite délirant Céline, Breivik a resservi ses « bagatelles pour un massacre ». Jusqu’à écoeurer, on l’espère, une majorité immense de ceux qui ont tenu à l’écouter. On l’espère, car l’histoire nous rappelle que la barbarie nazie, le fascisme et l’antisémitisme, ont été, il y a 70 ans, un phénomène « populaire ». Non, la démocratie n’est pas toujours assez forte pour brider les instincts les plus sauvages. Elle est même parfois, comme en Allemagne au début des années 1930, l’instrument – le temps de gagner une élection, la dernière élection -, de la brutalisation du monde.
Un droit de réponse des démocrates
Dans ce monde qui s’assombrit et nous renvoie peu à peu aux spectres des années 30, Raymond Aubrac méritait davantage que les hommages qui lui ont été rendus. II aurait dû faire hier le sujet d’ouverture du JT, avant Andres Breivik, pour redonner un cadre historique, celui des horreurs du XXème siècle, à ce procès d’Oslo engoncé dans le carcan des « actualités ». Les paroles de Breivik méritaient un droit de réponse et ce texte aurait pu être un hommage à Raymond Aubrac, ne serait-ce que pour donner à la « liberté d’expression » la logique de l’impartialité et de la pluralité.
Ne serait-ce que pour offrir au public l’image d’un homme qui avait démontré, avec sa femme Lucie et quelques milliers de résistants, que la barbarie n’était pas une fatalité et que les criminels de masse, les auteurs de politicides, comme le tueur d’Oslo ne l’emporteraient jamais, au moins face au tribunal de l’histoire.
Je me suis fait les mêmes réflexions. Le “Ik” de Beivik et le “ac’ d”Aubrac, rythment le tic-tac de la haine qui doucement s’infiltre dans les consciences pour la pervertir et semble-t-il irrémédiablement.
Un auteur antisémite délirant, Céline ?
Votre allusion voudrait le résumer à un mauvais courant d’air. Vous n’y parviendrez pas, c’était un génie du texte. Enfin, elle est pas si mal en fait votre image du personnage, c’est vrai qu’il était délirant. C’est pour ça qu’on l’aime toujours.
et que pensez vous de son antisémitisme?
Sans avaliser les actes qu’a posé BEIVIK, il n’est pas anormal que les actes tout aussi atroces que posent certains islamistes peuvent conduire à de graves errements tels que ceux que révèlent les actes posés par lui. Il serait même étonnant qu’il n’y ait pas d’autres ”BEIVIK” ailleurs dans le monde occidental. Et si à l’évidence BREIVIK est coupable, le sont aussi indirectement les extrémistes islamistes qui tuent et massacres sans discernement autant adultes qu’enfants pour nous soumettre à leur vision coranique du monde ou nous éradiquer si tel n’est pas possible. Je ne suis pas islamophobe et j’ai de bonnes relations avec certains d’entre eux mais il est remarquable qu’aucun n’exprime leurs indignations face aux massacres commis par Al Quaida ou ses émules. Cet écrit n’est pas dans la pensée consensuelle du moment…je ne suis pas une autruche