Après le départ de Rick Santorum de la course à l’investiture républicaine, Mitt Romney pourra-t-il enfin revenir vers le centre de l’échiquier politique, là où se gagnent le plus souvent les élections générales ?
Cette question posée par le magazine The American Prospect souligne l’un des principaux défis auxquels sera confronté le candidat républicain lors du scrutin présidentiel de novembre prochain : comment se dégager de la rhétorique radicale des élections primaires républicaines, sans démobiliser sa base la plus résolue ni donner l’impression d’être un candidat girouette et inconsistant.
Pour être en phase avec l’électorat républicain le plus mobilisé durant les primaires, Mitt Romney s’est écarté, en effet, de nombre de ses positions précédentes, généralement plus raisonnées et modérées. Il s’est aliéné, du moins jusqu’ici, des franges importantes de l’électorat, dont les femmes et les hispaniques, qui n’ont pas apprécié ses dérives excessivement conservatrices.
La Convention du Parti républicain sera dès lors essentielle. Elle pourrait rappeler la force des secteurs les plus radicaux du Parti, au risque de plomber la course à la présidence de son favori. Mais elle pourrait tout autant permettre à Mitt Romney de solennellement recentrer son message et de choisir un colistier ou une colistière qui pourrait ramener vers les Républicains des électeurs braqués par la dureté de la campagne des primaires.
Le choc de l’élection présidentielle opposera deux personnalités très différentes. Mitt Romney pourra attaquer Barack Obama sur le bilan de son premier mandat et sur ses promesses non tenues. Obama pourra brandir les prises de position contradictoires de son adversaire et souligner l’extrémisme d’une faction influente de son parti.
Mais est-ce sur leur personnalité et sur leurs promesses que se jouera le scrutin ? Certains analystes en doutent et soulignent davantage l’influence de facteurs qui échappent en partie aux deux candidats : la situation économique mondiale, le risque d’un affrontement militaire avec l’Iran, les perceptions culturelles, religieuses et raciales héritées de l’histoire américaine.
En d’autres termes, rien n’est joué et les politiques d’image que développent les spin doctors des deux candidats ne seront pas d’un grand poids si l’actualité impose brutalement des priorités imprévues.