Ces dernières années, alors que l’on parlait d’un « virage à gauche » de l’Amérique latine, le président de l’Equateur, Rafael Correa, avait donné l’impression qu’il était plus pondéré que ses voisins bolivariens, le vénézuélien Hugo Chavez, le nicaraguayen Daniel Ortega ou le bolivien Evo Morales. Les observateurs tendaient à le placer à mi-distance des « nouveaux tiers-mondistes » et des « nouveaux sociaux-pragmatiques », alors représentés par le président brésilien Luiz Inacio « Lula » da Silva.
En Belgique, Rafael Correa bénéficiait même d’un apriori favorable en raison de ses études à l’Université catholique de Louvain et de son mariage avec une étudiante namuroise, Anne Malherbe, qu’il avait rencontrée à l’UCL.
C’était hier. Depuis quelques mois, les critiques s’accumulent contre un Président accusé d’abus de pouvoir et d’autoritarisme. Les associations internationales des droits humains, les organisations de défense de la liberté de la presse, comme le Comité de protection des journalistes, Reporters sans frontières ou l’Association mondiale des journaux, décrivent un homme politique agressif, vindicatif, prêt à utiliser les procédures judiciaires les plus rudes pour museler ses adversaires politiques et, dans la foulée, restreindre les libertés. Pour les défenseurs de la liberté de la presse, Rafael Correa démontre une telle hargne à pourchasser les médias d’opposition qu’il met en péril des libertés fondamentales et instaure peu à peu un système autoritaire de plus en plus susceptible et intolérant. Dans un éditorial cinglant paru le 11 janvier, le Washington Post a accusé le Président équatorien de mener « l’assaut le plus vaste et le plus rude contre la liberté de la presse dans l’hémisphère occidental ».
Les journalistes et les propriétaires d’entreprises médiatiques accusés de diffamer le chef de l’Etat sont soumis à des sanctions d’une rare sévérité qui relèvent davantage de la vengeance et de l’intimidation que de la justice et de la réparation. « Les sommes revendiquées au titre de dommages et intérêts, note Carlos Lauria du CPJ, sont punitives et visent clairement à écraser toutes les voix dissonantes. Le Président Correa a une longue habitude d’utiliser les lois sur la diffamation pour réduire au silence les journalistes critiques ».
40 millions de dommages et intérêts
Ce jeudi, à la stupéfaction des associations de défense de la presse, la juridiction suprême du pays a confirmé la condamnation des directeurs du quotidien El Universo et de son éditorialiste Emilio Palacio à 3 ans de prison et à 40 millions de dollars d’amendes pour un éditorial publié le 6 février 2011. Dans ce texte “musclé” et critiqué pour sa virulence et son caractère injurieux par des associations de journalistes, l’éditorialiste accusait le président d’être un « dictateur » et le menaçait de le poursuivre pour “crime contre l’humanité” pour “avoir ordonné à l’armée d’avoir tiré sans sommation sur un hôpital où se trouvaient des civils ».
Cette sentence et le montant accordé en dommages et intérêts pour diffamation « sont les plus sévères dans l’histoire des Amériques », note le World Press Freedom Committee.
Encadrer la presse
Outre ses actions judiciaires (quelques jours plus tôt, les auteurs d’un livre El Gran Hermano sur le frère de Rafael Correa, ont été condamnés à verser au Président une amende de 2 millions de dollars pour « préjudice moral »), le président Correa a fait adopter des lois et règlements qui encadrent de plus en plus les médias. Entrées en vigueur début février, de nouvelles dispositions imposent par exemple à la presse, pendant les trois derniers mois d’une campagne électorale, de s’abstenir de toute “promotion directe ou indirecte, que ce soit à travers des reportages, rapports ou tout autre forme de message, qui tendrait à avoir une influence en faveur ou à l’encontre d’un candidat déterminé, d’une proposition, d’options, de préférences électorales ou de thèses politiques ». Ce qui revient à empêcher tout journalisme d’opinion et menace même, par ses définitions arbitraires, le journalisme d’information.
Le gouvernement équatorien s’est également mobilisé pour réduire les prérogatives et les moyens financiers du Rapporteur spécial sur la liberté d’expression de l’Organisation des Etats américains, qui a critiqué à plusieurs reprises les atteintes à la liberté de la presse en Equateur. Finalement, en se fondant notamment sur la saisie de médias contrôlés par des banques accusées de corruption, le président Correa a fortement développé les médias d’Etat, jusqu’à posséder, selon le Washington Post, 5 chaînes de télévision, 4 stations de radio, deux quotidiens et 4 magazines.
Pour les partisans de Rafael Correa, les critiques dont celui-ci fait l’objet sont la conséquence inévitable de sa confrontation avec les milieux conservateurs locaux, de ses désaccords avec les Etats-Unis et de ses liens avec les « socialistes du XXIème siècle » au pouvoir à Caracas ou Managua. Pour les pro-Correa, la presse privée équatorienne doit être « remise à sa place », car elle représenterait des groupes d’intérêts qui se sont toujours opposés aux réformes économiques et sociales. Elle abuserait sans vergogne de la liberté de la presse, allant jusqu’à l’injure et la diffamation, pour saboter l’action du gouvernement en faveur des plus pauvres.
L’avis de juristes de l’UCL
Pour les associations de défense de la liberté de la presse, cependant, cet argument ne exonère aucunement le Président. C’est aussi la conclusion à laquelle ont abouti deux professeurs de l’ancienne Alma Mater de Rafael Correa. Appelés à juger si « les opinions exprimées dans l’article de l’Universo seraient constitutionnellement protégées en Belgique et si les décisions judiciaires prononcées à son encontre devraient être considérées comme violant la Convention européenne des droits de l’homme », Marc Verdussen, directeur du Centre de recherche sur l’Etat et la Constitution, et Nicolas Bonbled, professeur invité à l’UCL et avocat au barreau de Bruxelles, ont clairement incriminé la justice et le pouvoir équatoriens.
« L’importance du rôle de la presse dans un régime démocratique, écrivent-ils, la nature politique des propos incriminés dans le chef de Mr. Palacio, la qualité de personnage public du président Correa, le caractère inapproprié de la voie pénale choisie par ce dernier et l’exorbitance des sanctions infligées par les juridictions nous conduisent à la conclusion que les mesures d’ingérence des autorités publiques équatoriennes dans la liberté d’expression de Mr. Palacio et des autres défendeurs, ne peuvent être considérées comme proportionnées et, par conséquent, seraient constitutives mutatis mutandi d’une violation de l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme, ainsi que des articles 19 et 25 de la Constitution belge ».
L’Union européenne a relayé ce jugement universitaire. Début février, abordant le procès contre El Universo, la Haute représentante de l’Union européenne Catherine Ashton a mis en garde Quito et exigé que « les normes judiciaires les plus élevées soient respectées », comme le stipule le traité de coopération entre l’UE et l’Equateur.
Dans une lettre adressée aujourd’hui à Mme Ashton, le World Press Freedom Committee lui a demandé d’en tirer les conséquences. L’Equateur est désormais sur la liste rouge.
PS: vendredi 17 février, le président Correa a signalé qu’il pourrait ne pas “collecter” le montant accordé en dommages et intérêts et “pardonner” les journalistes condamnés.
Je pense que le président de l’Equateur a le droit de défendre son honneur. Si la presse publie des mensonges il a le droit de demander des réparations en justice. On ne peut pas discréditer les gens juste parce qu’on est journaliste.
Il y a des journalistes qui sont irresponsables, regardez ce qu’il s’est passé au Royaume Uni avec le scandale des écoutes téléphoniques du tabloïd News of the World. En Europe aussi les hommes et femmes politiques on fait appel à la justice pour défendre leur honneur. Récemment en France, madame Aubry se disait prête à aller en justice pour défendre l’honneur de son mari.
À mon avis c’est une procédure tout à fait démocratique. Il est bien temps que la presse latino-américaine commence à faire du journalisme responsable.
Il faudra que les journalistes, meme les journalistes de ce journal se renseignent mieux sur cet affaire si prommotionné par les medias. Au fond il s agot des calomnies des patrons d un journal qui ont eté condamnnés par trois instances et tribunnaux. Rien a voir avec la liberté d expression dont les medias ont fait appel sans vergogne. Il y a partout des journalistes qui sont irresponsables. Ont ils le droit d insulter et personne le droit de faire appel à la justice pour défendre leur honneur?.
la question n’est pas seulement la condamnation de El Universo, mais l’ensemble de la politique de Rafael Correa à l’égard des médias. La note de l’UCL souligne en particulier la dispropportion des peines encourues. Bien à vous
Les Equatoriens intelligents acceptons que la somme $ 40.000.000 soit très haut. À l’Équateur les médias sont habitués à tirer et à mettre les Présidents à sa convenance! Avec l’élection de Rafael Correa comme Président de l’Équateur cela a fini. Les médias à l’Équateur étaient maîtres des entreprises que le gouvernement voulait contrôler pour qu’ils paient ses impôts.
Corruption à l’Équateur a été enracinée toute la vie. Nous sommes le premier exportateur mondial de bananier, second dans café, troisième camarón. Il est temps que l’Économie de l’Équateur va mieux!
Je suis orgueilleusement Équatorienne
M. Marthoz,
Vous dites qu’ici il s’agit de « l’ensemble de la politique de Rafael Correa à l’égard des médias ». Vous ajoutez que « la note de l’UCL souligne en particulier la disproportion des peines encourues ». Mais, monsieur, pour pouvoir donner une telle opinion il faut bien connaître la réalité du pays dont on parle.
Est-ce que vous ou les auteurs de la note à l’UCL sont allés en Équateur pour vous rendre compte de l’agressivité d’un secteur de la presse envers le gouvernement élu démocratiquement par le peuple équatorien ? Saviez-vous que l’Equateur a eu 9 présidents les 15 ans dernières années à cause des coups d’état incités par la presse ? Est-il juste qu’un pays vive une instabilité chronique due à l’irresponsabilité d’un secteur de la presse qui essaie de prendre feu au pays pour défendre ses propres intérêts économiques ?
Je suis pour la liberté d’expression mais il faut que la presse soit responsable. La liberté a des limites. On ne peut pas humilier les autres et prônant la liberté d’expression. « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » (Déclaration des droits de l’homme de 1789).
Merci pour votre réaction à ma réponse. Je ne sous estime absolument pas évidemment le point important que vous soulevez, mais la liberté de la presse a des exigences spécifiques et un Etat démocratique se doit de respecter le socle minimum de cette liberté, notamment au niveau judiciaire, tel que l’interprètent la Cour européenne des droits de l’homme et la Cour inter-américaine des droits de l’homme. Le président Correa aurait tout à gagner à s’inspirer de leurs jugements car ils visent à garantir à la fois la liberté d’expression et les devoirs déontologiques du journalisme.
Cordialement
Monsieur Marthoz, je trouve votre article partiel. Le journal El Universo, comme beaucoup de journaux en Amérique latine, est une entreprise privée qui a longtemps contrôlé et censuré les flux d’information en Équateur. Sa caractéristique principale n’a jamais été celle de défendre la liberté d’expression, mais plutôt celle de promouvoir les intérêts des minorités économiques qui ont historiquement dominé le pays (en faisant de l’argent, beaucuop d’argent au passage). Vous pouvez réviser le comportement du journal lors de dictatures ou des régimes tyranniques dans ce pays de l’Amérique du Sud et vérifier la complicité avec laquelle le journal a toujours agi. En outre, dans l’actualité, El Universo ne fonctionne pas comme un moyen de communication, mais comme une arme d’attaque (de diffamation, de désinformation, d’alarmisme) au service des élites en décadence. Quel paradoxe : vous défendez dans l’abstrait un droit et mettez, dans la pratique, au service de ceux qui l’ont le plus piétiné. Regardez bien l’histoire, cher Monsieur…
Je pense que vous ne comprenez pas bien ce qu’est la liberté d’expression. C’est la liberté accordée à ceux qui ne pensent pas comme vous. Je connais les excès de la presse latino-américaine,du Mercurio au Chili sous Allende et Pinochet mais aussi de Granma à Cuba, mais la question que je pose n’est pas celle-là. Il s’agit de la disproportion de la peine requise. Une démocratie qui se respecte doit agir d’une manière raisonnée, sinon la porte est ouverte au caudillisme et à l’arbitraire. L’Amérique latine a assez souffert du “personnalisme”, du culte du leader et de l’homme providentiel. Et j’aurais aimé que Correa choisisse une autre voie, plus proche de celle qu’il a dû apprendre, j’imagine à l’UCL.
Monsieur Marthoz,
Merci pour votre réponse. Je suis d’accord avec vous que les journalistes concernés on le droit de faire recours à la Cour inter-américaine des droits de l’homme. Rien ne les empêche d’y faire appel. En attendant la décision de cette Cour, il ne faut pas se précipiter avec des positions contraires et irrespectueuses à l’égard de la décision prise par la Cour Suprême de l’Equateur.
En ce qui concerne la Cour européenne des droits de l’homme, cette Cour n’a rien à faire avec l’Equateur. Il y a déjà pas mal de problèmes avec les droits de l’homme en Europe pour vouloir se mêler dans les affaires des pays qui se trouvent dans un autre continent.
Ce qui me dérange le plus de votre article c’est le manque d’équilibre dans vos propos. Vous avez repris tous les arguments publiés par vos collègues de l’Equateur. C’est-à-dire vous n’avez entendu qu’une des parties dans l’affaire. Mais vous n’avez pas pris le temps de chercher les arguments du Président Correa. En général toute la presse internationale a fait la même « erreur ». Esprit de corps ?
Cordialement
Merci pour votre réaction mais contrairement à ce que vous écrivez, j’ai repris les arguments des pro-Correa, notant leur hostilité à une presse qui s’oppose aux réformes sociales etc. Votre remarque sur notre intérêt pour les droits humains en Equateur alors qu’il y a déjà assez de problèmes chez nous me surprend. Auriez vous dit la même chose s’il s’agissait de critiquer les violations des droits humains au Chili sous Pinochet ou dans des pays de droite? Pour moi, le manque d’équilibre est précisément celui-là, “couvrir” ou justifier les agissements de régimes pour lesquels on ressent une sympathie idéologique. Le drame (de la gauche latinoaméricaine en particulier) est de ne pas réussir à concilier la lutte pour la justice sociale et la lutte pour la liberté d’expression. C’est l’enjeu du XXIème siècle (je n’ai pas dit du “socialisme du XXIème siècleà
Cordialement
Pour clarifier les choses, je ne compare évidemment pas Correa qui a été démocratiquement élu à Pinochet ou d’autres satrapes, mais il me paraît important de rappeler le devoir de solidarité en faveur des droits humains.
De la même manière et dans le même esprit du droit d’ingérence, le gouvernement équatorien a le droit et le devoir de se préoccuper du sort de ses ressortissants en Europe. Nous vivons dans un monde globalisé et il est important de glosabliser aussi les droits fondamentaux reconnus dans la déclaration internationale des droits de l’homme
Monsieur Marthoz,
C’est vous qui parlez de droite et de gauche. Je n’ai rien dit sur l’idéologie du Président Correa. D’ailleurs, les coups d’état en Equateur ont eu lieu contre des gouvernements des deux idéologies. J’ai exprimé que la presse équatorienne n’est pas responsable et que la liberté d’expression a des limites. J’ai dit qu’il ne faut pas critiquer quelqu’un d’une façon virulente comme vous le faites juste parce que cette personne a osé porter plainte et défendre son honneur face à cette presse outrancière. J’ai indiqué qu’entamer une procédure judiciaire pour résoudre les problèmes est la façon la plus démocratique, civilisée, et respectueuse des droits humains qui existe. J’ai signalé qu’il y a un jugement d’une Cour équatorienne qu’il faut respecter, et que les journalistes concernés peuvent faire recours à des instances internationales s’ils le souhaitent. J’ai dit qu’en attendant le jugement des instances internationales il ne faut pas attaquer et critiquer le système judiciaire d’un pays. De votre côté, j’ai l’impression que vous défendez le droit de la presse de diffamer, humilier, calomnier, outrager et injurier.
Je ne suis pas d’accord non plus avec votre idée de classifier les gens entre le pro-Correa et les anti-Correa. Si je partage l’avis du président Correa par rapport à la presse cela ne fait pas de moi un pro-Correa. Il faut défendre les principes et non les personnes. La responsabilité de la presse, l’équilibre dans l’information, le respect d’autrui, la non ingérence dans les affaires intérieures des autres États, voilà des principes sur lesquels on peut débattre sans avoir à mettre une étiquette sur la personne qui a une vision différente à la votre.
D’autre part, ma remarque n’était pas sur votre intérêt pour les droits humains en Equateur mais sur le manque de compétence de la Cour européenne des droits de l’homme pour traiter un dossier qui correspond à la compétence de la Cour inter-américaine des droits de l’homme. Et, effectivement il y un grand déficit en Europe en ce qui concerne les droits de l’homme. Regardez les centres fermés, le refoulement des réfugiés, les conditions de vie et la vulnérabilité des migrants irréguliers en Europe, l’expulsion en masse de Roms, etc., etc. Je suis d’accord qu’il est important de globaliser aussi les droits fondamentaux reconnus dans la déclaration internationale des droits de l’homme. Mais, à cet égard, si l’Europe veut être crédible il faudra qu’elle montre l’exemple. Je vous suggère de lire le livre « Droits de l’Homme en Europe : pas de place pour la complaisance », de Thomas Hammarberg, Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe.
Cordialement
Merci pour votre réponse qui clarifie nos échanges. Vous posez une série de questions importantes non seulement sur le rôle des médias en démocratie mais aussi sur l’équation entre la liberté de la presse et la justice, mais je pense que Rafael Correa a davantage choisi la voie de l’intimidation que celle de la justice. Celle-ci implique en effet une adéquation raisonnable entre le délit et la sanction.
Bonne journée
Monsieur Marthoz,
Vous dites que « Rafael Correa a davantage choisi la voie de l’intimidation que celle de la justice. Celle-ci implique en effet une adéquation raisonnable entre le délit et la sanction».
Il faut être clair que ce sont les tribunaux qui ont décidé de la sanction, et non le président Correa. Et ces tribunaux ont sûrement pris cette décision sur la base de la réalité équatorienne caractérisée par les excès de la presse avec tous les effets nocifs pour la société et l’instabilité du pays qui en découle.
À mon avis le jugement peu paraître disproportionné à vos yeux parce-que vous le voyez à partir de l’optique européenne en croyant que vos collègues en Equateur respectent la déontologie du journalisme mais, monsieur Marthoz, ce n’est certainement pas le cas là bas.
Je vous invite à visiter ce pays et vous rendre compte vous-même de la situation réelle des choses. La liberté d’expression a des limites, monsieur Marthoz, et j’espère que vous en serez conscients un jour. L’esprit de corps des journalistes ne doit pas vous empêcher de regarder les nuances dans ce cas-ci.
En tout cas je vous remercie pour vos réponses. Ceci a été un débat intéressant sur un sujet primordial pour pouvoir vivre ensemble.
Bonne journée et au plaisir de lire d’autres articles.
Je vous remercie pour la qualité et la tonalité de vos commentaires. Il est important de pouvoir débattre avec civilité dans un environnement médiatique qui conduit trop souvent aux opinions à l’emporte-pièce voire aux insultes
Très bonne journée à vous également
hai un viejo dicho en Ecuador:
“no hai nadie mas ciego de quien no quiere ver”
encuentro su articulo muy apegado a la realidad
atentamente
Monsieur Marthoz,
Êtes-vous au courant de la décision prise par le Président Correa de pardonner aux journalistes diffamateurs ? Je ne suis pas d’accord avec cette décision car ces personnes méritaient d’être punies.
Cela démontre néanmoins que, contrairement à ce que vous croyiez, le Président Correa ne cherchait pas la vengeance et l’intimidation mais il voulait bien qu’il y ait de la justice dans cette affaire.
Espérons que la presse équatorienne et internationale comprenne ce geste dans sa juste valeur et laissent le gouvernement équatorien poursuivre sa « révolution citoyenne » en démocratie et en paix.
“L’Equateur est désormais sur la liste rouge” … de l’Empire de Monroe qui défend une “Liberté de la presse” en faveur du pouvoir possédant, aux antipodes de l’expression pluraliste. Ce qui se passe en Amérique latine est très subtil. On peut lire, par exemple en Argentine, une presse systématiquement critique contre l’action gouvernementale issue du suffrage démocratique. Apparemment, pour un Européen, tout va bien, la liberté de la presse est garantie puisque l’opposition joue son rôle de contrepouvoir. Tout semble démocratique… sauf quand on s’aperçoit que ces critiques sont partiales et émanent de médias contrôlés par une même minorité, qui peut aller jusqu’à abriter des membres de la contra reconvertis. En Argentine, par exemple, les actionnaires des entreprises de fabrication et de distribution de la presse Papel Prensa sont toujours aux mains d’anciens partisans de la dictature, ainsi que de Goldman Sachs. Quiconque se penche sur le fond des critiques de ces médias dominants s’apercevra qu’elles vont toutes dans le même sens, à savoir la défense des intérêts d’une minorité possédante, soutenue par les néo-conservateurs des Etats-Unis et des investisseurs de la zone dollar qui contrôlent les centres nerveux (distribution commerciale et télécommunications), contrairement aux intérêts de la majorité de la population qui – c’est là le point important – ne dispose pas de sa presse représentative pour une question de moyens financiers nécessaires. Les Européens sont dépourvus d’informations à la source sur la situation locale et reprennent les positions d’organes tels que le “World Press Freedom Committee” et ne livrent au public européen que des informations partielles ou tronquées. Autre exemple, selon les derniers communiqués sur la Colombie, les FARC annonçaient leur intention de renoncer à l’enlèvement de personnes, laissant croire qu’il s’agissait de simples civils. La presse européenne ne dit pas que ces “personnes” sont des militaires ou des policiers identifiés par les FARC comme d’anciens contras. Les journalistes Européens ne connaissent pas la situation locale et reçoivent une information partiale et tronquée. Les tentatives des représentants démocratiquement élus visant à pluraliser la presse, comme le fait Hugo Chavez, sont aussitôt transformées par les médias anglo-saxons comme des “actes de contrôle totalitaire”. Cette lutte de pouvoir prouve que le colonialisme anglo-saxon reste dominant en Amérique latine et nous apporte – c’est plus intéressant encore – de précieux enseignements sur la situation des médias en Europe, qui figure elle-même sur la liste des intérêts stratégiques du même lobby.
Concernant la relation pouvoir financier / pluralité des médias, et sans aller jusqu’en Ecuador (excusez-moi si je m’écarte quelque peu du sujet), voyons plus près de chez nous, le quotidien espagnol “El Publico” qui vient de cesser de publier. Tandis que les médias liés au pouvoir financier, crise ou pas crise, ne cessent pas de publier. Au contraire, la crise les favorise…
Pour ne pas trop polémiquer et tenter d’apporter une clarification dans ce débat, il faut savoir que les médias publics en Amérique latine sont pratiquement inexistants ou dépourvus de financement. Les sources sur lesquelles se base le rapport de l’UCL (est-il possible d’en obtenir une copie?) notamment sont principalement l’écho des médias privés détenus par une minorité qui contrôle jusqu’à la majorité des médias télévisés également. Il faut avoir vécu sur place pour s’apercevoir que bon nombre des colonnes de ces médias privés visent à décrédibiliser et à décourager l’action de gouvernements issus du suffrage universel. Comme résultat, le public européen reçoit une information tronquée, loin du pluralisme qui est la condition préalable et indispensable de la liberté d’expression et de la presse. Au-delà des prises de position, les Européens sont de plus en plus absents de l’Amérique latine, ignorent la réalité d’ensemble, et risquent de faire des jugements erronés. Je rejoints les positions de Leslie et de Eduardo Gonzalez Castillo.