Hongrie: la dérive du pouvoir lance un défi au Parti populaire européen

Le premier ministre hongrois a-t-il sa place au sein de l’Union européenne?, s’interrogeait ce matin Maroun Labaki dans Le Soir, en décrivant les mesures liberticides adoptées par le gouvernement nationaliste conservateur du premier ministre Viktor Orban. La question est éminemment pertinente, tant le pouvoir hongrois s’est enfoncé ces derniers mois dans une voie inquiétante et s’attaque sans vergogne à des éléments essentiels de la démocratie, comme la liberté de la presse et l’indépendance de la justice.

En attendant que les instances européennes s’intéressent sérieusement à ce gouvernement qui met en cause des principes fondateurs de l’Union, il serait urgent en tout cas que le Parti populaire européen (PPE), qui n’est pas tenu par des procédures d’Etat, suspende ou exclue son membre hongrois, le Fidesz (Union civique hongroise), au pouvoir à Budapest.

Les mesures et les prises de position du Fidesz, pourtant issu de la dissidence contre le communisme et le soviétisme, viole clairement les valeurs que proclame le PPE. Le plus grand groupe politique du Parlement européen est issu de la tradition démocrate-chrétienne mais, ces dernières années, sous la houlette de l’ancien premier ministre belge Wilfried Martens, il a accueilli des formations situées carrément à droite de l’échiquier politique, comme le Parti populaire espagnol, le Parti des libertés de Silvio Berlusconi et jusqu’il y a peu, les conservateurs britanniques. Des formations très éloignées de la philosophie personnaliste et de la doctrine sociale de l’Eglise dont se réclament les formations sociales-chrétiennes européennes, très éloignées aussi d’ailleurs de la modération et de la passion européenne des démocrates chrétiens Alcide de Gasperi et Robert Schuman, qui furent, dans les années 1950, parmi les forgeurs de l’idée de l’intégration du Vieux continent.

Lors des dernières élections européennes, Joëlle Milquet, alors présidente du Centre démocrate humaniste (CDH) et très mal à l’aise aux côtés des Aznar et des Berlusconi, s’était d’ailleurs engagée à quitter le PPE, jugé trop conservateur et parfois même eurosceptique, pour rejoindre des formations centristes et d’inspiration chrétienne, comme le Modem de François Bayrou.

La dérive du Fidesz dans les eaux fangeuses du nationalisme et du populisme offre au PPE une occasion de réfléchir aux valeurs qui réellement l’inspirent. Une suspension ou une exclusion permettrait en tout cas de ne pas pénaliser l’ensemble de la Hongrie, où des mouvements citoyens, des partis politiques, des intellectuels se mobilisent pour contrer l’autoritarisme de Viktor Orban, un premier ministre qui a jeté aux orties ce drapeau de la liberté qu’il avait brandi dans les années 80 contre les hiérarques et les commissaires communistes.

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2 réponses à Hongrie: la dérive du pouvoir lance un défi au Parti populaire européen

  1. JohnnyCaramello dit :

    L’unique question à se poser est : comment et pourquoi la Hongrie est-elle entrée dans l’Europe ? N’oublions pas que c’est la mère patrie de la famille Sarkozy. Et puis, remarque subsidiaire, combien de fois est utilisé le mot “chrétien” dans cet article ? Probablement autant de fois que le mot “musulman” dans des articles de presse de pays qui indignent les catholiques qui sont aux pouvoir dans nos pays !

  2. bouriquette dit :

    LA HONGRIE, ON L AIME OU ON LA QUITTE.

    Cora (Delhaize) Quitte la Hongrie, Auchan s y installe un peu plus en lui rachetant 7 hypermarchés ainsi que des galeries commerciales attenantes.

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