Suspendre le PASOK du Groupe socialiste européen

On aurait pu penser que l’entrée de l’extrême droite au sein du gouvernement d’unité nationale grec aurait provoqué une vive réaction de la part des partis démocratiques européens.

Premier concerné, le Parti des socialistes européens s’est inquiété le 13 novembre de l’arrivée de l’extrême droite. A Paris, le PS a de son côté parlé d’un « choc ». Toutefois, cette semaine à Strasbourg, cette alliance avec le diable, comme le souligne Maroun Labaki ce matin dans Le Soir, a suscité tout juste un « un léger remords » dans les rangs socialistes.

Et pourtant, le LAOS (Alarme populaire orthodoxe) n’est pas une version décaféinée de l’extrême droite. Bien sûr, certains de ses membres ont fait mine de s’amender ces dernières années, mais leurs déclarations passées sont si brutales qu’on peut légitimement se demander si leur « honorabilité » aujourd’hui revendiquée n’est pas essentiellement un écran de fumée.

Dans Le Monde du 17 novembre, Alain Salles rappelle en tout cas quelques phrases passées du président du LAOS, Georges Karatzaféris, en particulier sur ce que celui-ci appelait « les « mythes d’Auschwitz et de Dachau », qui laissent pantois. Toujours selon Le Monde, le leader de cette formation sulfureuse qui prétend s’être transformée en un « parti populiste et nationaliste » aurait également diffusé la rumeur selon laquelle les services secrets israéliens auraient prévenu les juifs des attentats du 11 septembre 2001 à New York.

Hallucinante apologie d’Hitler

L’entrée de ces extrémistes au sein d’un gouvernement européen est encore plus hallucinante quand on apprend, selon la radio française Europe 1, que l’un des membres d’extrême droite du gouvernement, Adonis Georgiadis, « a co-édité en 2006 un pamphlet antisémite intitulé Juifs-l’entière vérité, faisant l’apologie d’Adolf Hitler et appelant à l’extermination des Juifs ».

Comment le PASOK, qui a déjà démontré sa calamiteuse gestion des affaires publiques, a-t-il pu se dédire autant, en acceptant d’intégrer des membres de ce parti ? Comment le parti conservateur, la Nouvelle Démocratie, dont le chef de file, K. Caramanlis, avait été le premier président de l’après-dictature en 1974, a-t-il pu accepter ces nostalgiques de la « Grèce des colonels ».

Pourquoi ce silence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, de Herman Van Rompuy ou de José Manuel Barroso face à une consécration de l’extrême droite, dont l’histoire s’est toujours confondue avec l’avilissement des “valeurs européennes” dont ces leaders démocrates se gargarisent?

N’appartient-il pas dès lors au groupe socialiste européen, afin préserver les principes de décence et de démocratie, de tirer les conclusions de sa « préoccupation », en suspendant son « parti-frère », aussi longtemps qu’il s’acoquinera avec ces héritiers de la dictature militaire grecque ? Et tant qu’à faire pourquoi le Parti populaire européen (PPE) ne ferait-il pas de même à l’égard de sa formation-soeur au sein de ce gouvernement hellène?

Cette mesure n’aurait aucun impact sur “les marchés”, mais elle montrerait au moins que l’idée démocratique européenne n’est pas un vain mot.

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