Monseigneur Léonard n’est pas infaillible. Heureusement, sinon je devrais revendiquer mon droit au blasphème. Depuis des années, il rappelle régulièrement aux Francophones qu’ils ont fait preuve de morgue à l’encontre des Flamands et des Germanophones. Si j’ai bien suivi le JT de la RTBF, il l’a encore fait lors d’un office ce week-end.
Je ne suis pas historien de la Belgique et je ne prétends donc pas donner des leçons au primat de Belgique, tant il est vrai que je n’ai pas de penchant particulier pour les dogmes et les vérités révélées. Mais j’ai quand même envie de suggérer un autre regard, celui qui me vient d’une histoire singulière et qui me paraît occultée.
Monseigneur n’a pas tout à fait tort quand il parle de « l’arrogance des Francophones” (notez la généralisation). Mais celle-ci, me semble-t-il, s’est aussi exprimée à l’encontre du “petit peuple wallon”, qui n’a que très subsidiairement participé à la domination et à la richesse “francophones” du siècle dernier.
Le wallon est le grand disparu dans le micmac qui oppose dans notre pays les « francophones » aux néerlandophones. Entendez-moi bien, je ne suis pas wallingant, mais mes parents parlaient wallon. Les « non didjo » et les « chti veu volti » furent ma « langue fœtale », comme le dit si bien Julos Beaucarne. C’était la langue quotidienne de ma famille, celle de mes cousins et de mes voisins. Même si mon père et ma mère me parlaient toujours en français, un français en bisbille avec le lexique et la syntaxe, qu’ils considéraient comme la clé de ma réussite scolaire.
Le wallon est resté pour moi la langue des émotions, de la gentillesse et d’une certaine forme de sérénité et de générosité que j’associe à mes parents décédés. J’ai connu, comme certains Flamands, l’arrogance de Francophones (j’ai bien dit « de » et non « des ») venus de Liège, de Bruxelles et…de Flandre. J’ai ressenti comme mes ami(e)s flamand(e)s cette condescendance agaçante. Eux parce que l’on ignorait leur langue, moi parce qu’on méprisait le milieu social d’où j’étais issu et qui parlait le wallon.
Grâce à mes parents, qui avaient une vision calme de la vie, je n’ai développé cependant aucune haine linguistique ni aucun ressentiment social. Juste une empathie pour ceux que l’on méprise ou que l’on néglige. Et un sentiment de lassitude à l’égard de ceux qui bâtissent l’avenir sur des frustrations mais aussi sur des confusions.
L’humiliation, comme le journalisme, peut conduire à tout. A condition d’en sortir…par le haut.
Mais oui et tous oublient que les Flamands qui venaient travailler en Wallonie parlaient “wallon” comme leurs compagnons de travail.
Et si certains se sont francisés, c’est dans le même contexte que les Wallons qui sont passés au français.
Le cardinal ? Pas encore. Archevêque primat, pas plus – pour l’instant. Pour le reste, c’est mignon, ce que vous racontez… Poqwè n’l’avez-vo nîn scrît è wålon, d’abård ?
OOps, le cardinal! En effet, j’ai “upgraded” Mgr Léonard. Merci de cette correction et pour votre suggestion d’écrire en wallon, mais là je connais mes limites linguistiques.
Je me retrouve dans mon enfance … Sauf que mes parents désapprouvaient que je parle wallon avec les copains. Le sentiment de supériorité des Bruxellois, même de la famille bruxelloise, pour les provinciaux et leur accent. Le mépris de la bourgeoisie bien-pensante dans les provinces où j’ai vécu mon enfance (Namur, Luxembourg) pour le “petit peuple”qui parlait wallon. La peur que j’ai eue de ne pas être à la hauteur quand j’ai commencé mes études à l’ULB. Comme ceux de JPM, mes parents avaient une position et une attitude paisibles et chaleureuses sur les rapports interpersonnels, même si leur analyse “socio-politique” était fine. Ils avaient quelques amis flamands et c’était une joie de les rencontrer. On parlait français bien entendu. Leur accent amusait l’enfant que j’étais.
L’amalgame est toujours un defaut.
Le racisme de Van Aelst est odieux.Ou est le centre contre le racisme?
Pourquoi n’intervient-il point?
Qiand a Leonard, il n’est pas un primat, il est simplement un escroc qui vend des mensonges les présentant comme des vérités.
Quand les Belges comprendront -ils que les religions ne sont que fables et fictions, de la même qualité des fables de Blanche neige ou de Guilaaume Tell.
Et dire que les élus trompent leurs élécteurs en financant ces menteurs a coup de milliards.
Pauvre Pays rempli de pauvres d’idiots.
Combien de temps les garderont-tils encore si ignorant?
Bonjour Monsieur,
Je trouve votre analyse teintée de justesse et équilibrée reflétant la réalité et la manière d’appréhender celle-ci et nous a permis de ne pas réagir avec amertume voire haine mais bien avec modération et volonté de surmonter ce type de comportement.
Je me retrouve beaucoup dans votre billet.
Félicitations.
Mr Lainé Stéphane
Une belle réponse à Mgr Léonard et en corollaire à Vic Van Aelst. Marre des généralisations : parlons effectivement de (et non des) Flamands ou de (et non des) Wallons. Peu importe le qualificatif qu’on met derrière.
Je vous félicite ! L’utilisation du terme “francophone”, généralisateur, est un abus de langage. C’est une abstraction qui a pris la place de termes précis et qui est un obstacle à la bonne compréhension. Un peu comme si on utilisait “mammifère” pour dire “vache”. Ce terme aurait du rester ce qu’il était, un adjectif qualificatif.
Il y a des Flamands francophones comme des Wallons germanophones ou des californiens hispanophones. Pour en revenir au sujet de votre billet, “Francophones” concerne évidemment une “élite flamande et bruxellois” francophone. Les Wallons n’y ont évidemment rien à voir (ou si peu… et encore, là, c’était une élite financière ou nobiliaire qui méprisait le petit peuple de la même façon en Flandre ou en Wallonie).
Pour répondre à passifigue, le français, sous une forme ou l’autre, s’est implanté en Wallonie en même temps qu’en Ile de France. Mais ça, c’est une autre histoire.
j’avoue, bien que ma famille parlait wallon, enfant je considerait cette langue vulgaire…avec le recul, il s’agissait d’un jugement trop sévère…mais, tout au long de l’histoire de l’homme, bien des cultures ont disparues. On peut être nostalgique, mais nous avons le tort de croire que tout peut rester comme avant – En réalité, rien ne demeure et peut-être qu’un jour nos cultures s’effaceront pour une culture anglo saxone ou que sais-je ? A la limite, je me souviens d’un homme politique qui se vantait que ses parents le felicitaient lorsqu’il rapportait de mauvaises notes en français – si j’adopte le même langage, dois je décourager mes enfants de parler anglais…
L’église et ses représentants ferait pourtant bien mieux de garder un profil bas, en regard des “affaires” peu glorieuses et de sa trop scandaleuse passivité sur les auteurs ainsi que de son attitude envers les victimes, il aura fallu combien de sciècles pour qu’elle “avoue” à demi mots ? 2 000 ans de cachoteries ca peux compter quand même !
A ce propos, un ancien couvent gantois (pour rester dans l’environnement initial…), organise jusqu’au 12 juin une exposition “bilingue et gratuite”, comme le rapporte la Libre de ce 31 mai, sur l’immigration flamande en Wallonie.
Du mardi au dimanche de 10 à 17 h, Vrouwebroersstraat, 6.