Ces derniers jours, un mot angoissant a parcouru les rues égyptiennes : Baltageyya. Ce mot difficilement traduisible désigne des “individus sans foi ni loi », payés par les caisses noires du parti officiel, le Parti national démocratique, ou par les services de sécurité pour se livrer au pillage et semer la panique.
Selon de nombreux témoignages, le régime Moubarak aurait eu recours à ces truands dans les premiers jours de la contestation pour créer une ambiance de chaos, dissuader la population de se joindre aux manifestants et justifier la répression. Dans son interview ce mardi matin au Soir, l’écrivain égyptien Khaled Al Khamissi a lui aussi interprété le retrait des forces police à la veille du week-end comme un « complot du système pour instaurer le chaos ».
L’emploi de délinquants ou, plus souvent encore, de jeunes désoeuvrés issus du lumpenprolétariat pour effectuer de basses besognes répressives est une constante des régimes autoritaires. C’est la règle en Iran, avec les bataillons de Bassidji, qui ont massivement et brutalement participé à la répression du mouvement vert. Ce fut le cas au Panama lorsque, en 1989, le dictateur Manuel Noriega tenta de briser l’opposition démocratique. C’est, depuis des décennies, l’une des malédictions de Haïti, un pays livré aux exactions de « truands officiels », des tontons macoutes de l’époque duvaliériste aux « chimères » du clan Aristide.
Il y a pire encore que l’engagement de «petites frappes » pour briser des manifestations ou tabasser des opposants. Des Etats établissent des services de sécurité, dotés d’un pouvoir arbitraire quasi absolu, qui évoluent constamment entre la légalité et la criminalité, à l’exemple des Moukhabarats de Saddam Hussein en Irak et du clan Al-Assad en Syrie. Dans la Russie de Vladimir Poutine, les services secrets, les polices, le milieu et les mafias interagissent jusqu’à parfois se confondre (1).
En Amérique latine, lors des dictatures qui sévirent dans les années 1970-1980, les escadrons de la mort allèrent chercher leurs exécutants dans les prisons et les bas-fonds. C’est le terrible héritage que doit affronter aujourd’hui la société colombienne : à partir des années 80, des milliers de délinquants et de bons à rien s’engagèrent au sein de groupes paramilitaires. Sous prétexte de mater la guérilla communiste, ils se rendirent coupables de 30 000 assassinats de civils soupçonnés de « complicité avec la subversion », alors qu’il s’agissait surtout de terroriser, d’assouvir des pulsions criminelles et de voler des terres et des biens.
Les régimes totalitaires et génocidaires qui ont ensanglanté le XXème siècle sont allés plus loin encore et ont systématisé le recrutement de tueurs fous pour perpétrer les exactions les plus horribles. En 1915-1916, en Turquie, le Parti Union et Progrès confia notamment à des truands, intégrés aux unités d’extermination de l’Organisation spéciale, la tâche de traquer, déporter et assassiner les Arméniens.
Lors de la Seconde guerre mondiale, comme l’écrit Christian Ingrao dans son livre, Les chasseurs noirs, la brigade Dirlewanger (Libraire académique Perrin), « Himmler en personne proposa la liberté à des repris de justice et à des braconniers en échange d’une chasse à l’homme dans les forêts ukrainiennes et biélorusses ».
Ces hommes de main n’étaient pas ces « hommes ordinaires » que décrit Christopher Browning dans son célèbre essai et qui se convertissent par lâcheté ou conformité en exécutants dociles d’ordre criminels. Ils étaient des le départ, « dans le civil », des machines à réprimer, à torturer et à tuer. « Les hommes de l’unité spéciale massacrèrent, violèrent, pillèrent à un degré tel que la hiérarchie SS elle-même ouvrit des enquêtes. Ce sont 200 villages biélorusses qui connurent le sort d’Oradour, 30 000 hommes, femmes et enfants de Varsovie qui tombèrent, victimes des chasseurs noirs ».
Des démocraties s’égarent parfois elles aussi dans ces caniveaux du crime et font appel à des délinquants pour accomplir le sale boulot de la République. A l’époque gaulliste, les barbouzes et les nervis du Service d’action civique recrutèrent au sein de la pègre. En Italie, lors des années 1970-1980, dans un contexte marqué par le terrorisme d’extrême gauche et d’extrême droite, des éléments dévoyés des services secrets s’acoquinèrent avec des mafieux pour mettre en œuvre une « stratégie de la tension » censée stopper la montée en puissance du Parti communiste et bloquer son entrée au gouvernement.
Le recours aux truands est la caractéristique emblématique des Etats voyous, c’est-à-dire d’Etats qui ne méritent pas qu’on leur accorde le moindre respect ni le moindre appui. L’Union européenne et les Etats-Unis devraient en tenir compte au moment, où poussés par le vent de révolte dans le monde arabe, ils réévaluent leurs relations trop amicales avec des gouvernements autoritaires et délinquants.
De tels propos sont totalement honteux et mensongers …
C’est une véritable farce, après avoir soutenu pendant des années ces régimes fantoches tels que celui de Moubarak et Ben Ali, des articles de journalistes pullulent pour “dénoncer” ces mêmes régimes.
Tout d’abord, la comparaison avec l’Iran par exemple n’est pas de mise, les bassidji ne sont pas des “truands” au service du pouvoir mais bien une armée officielle appartenant à l’appareil d’état contrairement aux voyous dont vous parlez dans votre article.
Maintenant la question à poser est la suivante, qui sont les véritables voyous, ces régimes fantoches ayant mis en place un tel régime répressif ou leurs bailleurs de fonds et soutiens indéfectibles aux apparences “démocratiques” et “belles” ?
Monsieur le journaliste, commencez par dénoncer les véritables voyous qui ont soutenu ces sous fifres de voyous avant d’essayer de pointer du doigt des pantins qui ne faisaient qu’obéir au doigt et à l’oeil à leurs maîtres, qu’ils soient français ou américains.
C’est une véritable farce que de s’attaquer aux “états voyous” sans comprendre les mécanismes responsable de leur existence, c’est à dire une volonté politique hégémonique qui transcende de très loin ces espèces de pseudo-principes que des gens comme vous essayez de “défendre” en vous mettant au service, consciemment ou non, de ces véritables voyous qui dirigent à la baguette les “petits voyous” tels que Ben Ali et Moubarak !
d’accord, c’est çui qui dit qui l’est… c’est donc parfaitement acceptable, selon vous, puisque les vrais responsables ne sont apparemment pas ceuw qu’on croit… En attendant, les vraies victimes, elles, n’ont pas changé.
En effet.
D’abord il y a un problème de logique de construction de l’article. La mention des exemples français et italien concernent bien des “démocraties” qui ont eu recours aux mêmes méthodes. La structure de l’argumentation de l’article, partant du concept d'”Etats voyous” doit donc inclure parmi ceux-ci les pays “démocratiques” que vous citez. Et dans ce cas, votre distinction dictature/démocratie ne tient plus la route.
Le point commun entre ces “démocraties à souveraineté limitée” (désignation quasi officielle de l’Italie d’après-guerre) et les dictatures que vous dénoncez est que c’est l’hypocrite politique américaine qui tire les fils: on se remplit la bouche de “démocratie”, mais on l’oublie sans états d’âme dès que les résultats de la consultation démocratique risquent de déplaire aux intérêts américains (ou plus globalement ceux de la domination occidentale/capitaliste, chaque acteur intervenant à la hauteur de ses moyens).
C’est fabuleux comme vous justifiez vous-mêmes les dérives que vous dénoncez, lorsqu’elles sont le fait de “démocraties”, par le but d’empêcher l’arrivée au pouvoir du PCI. Au terme de ce raisonnement, il faudrait préciser votre définition de “démocratie”. Votre expression “services secrets dévoyés” est elle aussi hypocrite dès lors qu’un ancien président de la République, Cossiga, revendique encore ces méthodes 30 ans après et les recommande à son successeur pour réprimer les mouvements sociaux: il ne s’agit pas de “dévoyés”, mais d’une politique délibérée, comme l’est le soutien des pays occidentaux aux Moubarak, Ben Ali, etc.
Cet article peu fouillé est un véritable fourre-tout.
On fait le tour de la planète Voyou en quelques secondes. Cela s’appelle “remuer pour mieux surfer sur la vague.”
Les vrais voyous sont à Washington et à la Maison Blanche. Ils massacrent sans état d’âme les populations civiles (souvent avec la participation active de régimes corrompus, comme ceux des Moubarak, Ben Ali, Mohamed VI, Benyamin Netanyahou, Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud, etc.) pour maintenir à tous prix leur domination économique. Ces voyous ont aussi recours à une « coalition occidentale » servile pour surveiller leur pipeline en Afghanistan après s’être assuré de la nomination du despote en place. Voilà mon avis.
les dictateurs , les régimes totalitaires , les partis uniques, ont tous des points communs , des “sponsors” trés généreux envers les élites du pouvoir afin de piller tranquillement
casser les interdépandances entre lobbysmes et politiques serais bénéfique à la planéte et à ses locataires est une utopie , pas de pouvoir sans le poids de l’ argent
Les truands au service d’Etats voyous? Tres bien dit. Qui sont ces truands et qui sont ces voyous? Voici ma reponse parce que vous etes belge et que je suis congolais, de la republique (sic) democratique (sic):
1) Les voyous sont “Kabila Joseph” et sa clique;
2) Les truands de la mort sont Louis Michel et ses amis qui sont a son service;
3) D’autres truands sont les presidents americains, les premiers ministres britaniques, les presidents francais, etc. qui le soutiennent pour leurs interets.
Lorsque Kabila tombera, alors les medias occidentaux menteurs diront tout le mal qu’ils pensent de lui, comme ils l’ont fait avec Mobutu. Mais pour le moment, les affaires sont les affaires. Truands et voyous s’entendent a la perfection.
Tiens , tiens . . . ! !
Et les tueurs du Brabant, ne seraient-ce pas non-plus des barbouzes, à la solde d’un Etat voyou ?
Ils cadrent bien pourtant avec le contenu de ce texte .
Mais quel était donc cet Etat voyou ? ? ?